"Avec ma partenaire, on ne voulait pas prendre de traitements hormonaux. L'anneau thermique, c'est sans chimie et plus écologique", explique Raphaël, un Genevois qui utilise cette méthode depuis trois ans.
Grâce à cet anneau en silicone, appelé Andro-Switch, placé à la base du pénis, les testicules sont maintenus proche du corps à une température de 36 degrés. La chaleur freine la production de spermatozoïdes, à condition de porter l'anneau 15 heures par jour durant au moins deux mois. Un spermogramme régulier permet d'attester de l'infertilité.
Quels risques?
En Suisse, le concepteur de l'Andro-Switch, Maxime Labrit, affirme avoir vendu près de 1500 anneaux en trois ans. Les centres de santé sexuelle constatent également un intérêt croissant pour la contraception thermique.
Pourtant fin 2021, faute d'essais cliniques suffisants, nécessaires à la certification de sa fabrication, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a retiré l’anneau du marché. Mais des études à plus large échelle pourraient débuter dès l'an prochain.
En attendant, ce principe de précaution n'inquiète pas Jannick, 35 ans, utilisateur de l'anneau thermique depuis 18 mois. "Il y a des risques dans toutes méthodes de contraception et même s'il n'y a pas d'étude clinique à grande échelle, rien ne prouve qu'il y a un risque plus élevé de cancer des testicules."
A cela s'ajoute la crainte d'une stérilité irréversible. Ces questionnements restent théoriques, des études supplémentaires sont nécessaires pour lever les doutes.
Des études nécessaires
Aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), un projet de recherche et de suivi des personnes qui utilisent la contraception thermique devrait être lancé en mai. Sara Arsever, médecin responsable de l'Institut de santé sexuelle et du planning familial des HUG, mènera cette étude.
"Nous ne prescrivons pas ce dispositif puisqu'il n'est pas homologué, mais puisque les gens l'ont et vont l'utiliser, nous les accompagnons pour qu'ils puissent les utiliser avec le moins de risques possible."
En ce qui concerne l'efficacité, la médecin note qu'au vu des quelques études menées le dispositif serait plutôt fiable.
Mais des questionnements subsistent: "On s'interroge sur le risque qu'il y ait des spermatozoïdes aux chromosomes anormaux qui se forment pendant la contraception et si une grossesse survient malgré tout, elle pourrait être porteuse de mutation."
En l'absence d'études plus poussées, Sara Arserver estime qu'on ne peut donc pas affirmer que la méthode est sûre.
Une méthode utilisée depuis plus de 40 ans
Pourtant la contraception thermique se pratique depuis plus de 40 ans. Comment expliquer qu'il n'existe pas suffisamment de données scientifiques fiables? La médecin Sara Arsever avance plusieurs théories: "Ce sont des dispositifs peu chers et donc l'intérêt financier est moindre contrairement à un traitement hormonal à prendre tous les mois. Il y a peut-être aussi un aspect sociétal qui a décrédibilisé ça, on voit que les gens rigolent quand on en parle."
Reste que différentes enquêtes d'opinion montrent que de plus en plus d'hommes souhaitent prendre une plus grande part de la charge contraceptive.
Coraline Pauchard, Katia Bitsch