La nutrition est un facteur clé de la performance. Il doit donc être abordé selon les besoins spécifiques des sportives. Il est donc important de comprendre les liens entre la nutrition et les phases du cycle, rappelle Maaike Kruseman, chargée de cours à l'Université de Lausanne et responsable d'un cabinet privé, MK-Nutrition, à Genève.
"Tout n'est pas linéaire, dit-elle lundi dans La Matinale de la RTS. Au cours du cycle menstruel, il n'y a pas une seule semaine où les hormones sont identiques. Il est donc illusoire de penser qu'une sportive va pouvoir manger et s'entraîner de la même manière, avec le même effet, lors de ses règles."
La phase lutéale
Selon la diététicienne, il faut ajuster les apports nutritionnels, ainsi que les entraînements à la phase du cycle dans laquelle se trouve l'athlète avec comme objectif d'améliorer sa performance, mais aussi d'éviter des problèmes de santé.
"Dans la phase lutéale (qui commence après l'ovulation et se termine peu avant le cycle menstruel, n.d.l.r.), les femmes sont beaucoup moins efficaces dans leur glycogène, la réserve du sucre. Certaines ont envie de manger plus de sucre, mais ce n'est pas seulement de l'envie. Il s'agit aussi de besoins. Il faut donc y répondre", décrit Maaike Kruseman.
Avant de nuancer: "Après, chez d'autres femmes, ce besoin passe complètement inaperçu. Elles ne doivent donc pas nécessairement manger plus de glucides, parce qu'elles sont dans la deuxième phase de leur cycle menstruel."
Les femmes ne doivent pas négliger la faim ou l'envie de sucre. Cela va à l'encontre de certains discours dans le monde sportif.
Le risque de la sous-alimentation
Dans certaines disciplines, le culte de la minceur et de l'esthétique est particulièrement tenace. Beaucoup de sportives pensent que leur poids est un frein à la performance. Lorsque, à cause des hormones, certaines prennent un peu de poids, elles prennent parfois de mauvaises décisions.
"Le problème numéro un chez les sportives est la sous-alimentation. (...) Il faut qu'elles mangent suffisamment de glucides avant, pendant et après l'entraînement et/ou la compétition. Elles résistent moins bien qu'un homme au manque de glucides."
Ainsi, la sous-nutrition peut avoir une influence sur les règles. "Des femmes qui font du sport à un niveau relativement élevé au niveau du volume et de l'intensité ont parfois des règles moins fréquentes, moins abondantes, voire plus de règles du tout, explique la professeure. Ce qui est un problème en soi, puisque les oestrogènes permettent de fixer le calcium. Quand on a un problème d'hormones et d'insuffisance d'apports, on va encore plus fragiliser le squelette."
Le syndrome RED-S
S'il existe un déséquilibre prolongé entre ce que la sportive mange et l'énergie qu'elle dépense à l'entraînement, elle peut tomber dans une situation de déficit énergétique, soit le syndrome du RED-S.
Ce syndrome peut notamment entraîner des troubles du cycle menstruel, un risque accru de blessures musculaires ou osseuses et même une résistance à la perte de poids, ainsi qu'un état dépressif et une réduction de la force.
Caroline Reymond/vajo