Pour l'explorateur, les objectifs des deux projets sont les mêmes: "montrer que dans le monde de demain, on pourra toujours faire ce qu'on fait aujourd'hui, mais différemment, sans émettre de CO2".
Raphaël Domjan souligne aussi que de tels projets peuvent parfois "améliorer les techniques liées aux énergies renouvelables".
Inutile mais durable
Les innovations découlant de ces projets sont toutefois minimes, admet le Neuchâtelois. "Du point de vue technique, PlanetSolar a été peu utile. Aujourd'hui, il y a une cinquantaine d'entreprises qui fabriquent des bateaux solaires dans le monde, parce qu'on leur a montré qu'on pouvait utiliser cette technologie".
Selon l'explorateur, cela ne devrait pas nous arrêter pour autant. "Est-ce que le cinéma, la culture, le ski ou l'alpinisme, c'est utile?", poursuit-il. "Ce qu'on essaie de faire, c'est justement de cultiver l'inutile, mais avec l'énergie solaire".
Son but n'est donc pas forcément d'amener de grands développements techniques en termes d'énergies renouvelables, mais surtout de faire rêver les nouvelles générations et leur montrer que l'on pourra toujours faire des choses inutiles, mais de façon durable.
Un écologiste "optimiste et utilitariste"
Pour Raphaël Domjan, un changement d'idéologie lui paraît important, même s'il "n'est pas dans l'idéologie ou dans le dogmatisme". Celui qui se décrit comme un "éco-explorateur" espère voir des changements, notamment concernant les énergies fossiles.
Il dénonce entre autres les 300 tonnes de produits fossiles brûlés par seconde. "Il y a 180 tonnes de charbon et 120 tonnes de gaz et de pétrole brûlés par seconde et c'est ça qu'il faut arrêter tout de suite, il y a urgence".
Il croit aussi à l'importance d'un changement dans le domaine des transports. "Je ne crois pas vraiment aux carburants de synthèse", explique-t-il, "mais des solutions existent". Selon lui, la mobilité de demain se fera grâce à l'électricité ou à l'hydrogène.
Un vol dans la stratosphère
"L'aviation sera le domaine le plus difficile à décarbonner", reconnaît l'initiateur du projet SolarStratos. Mais "même si l'on peut douter de la réussite de la transition énergétique, il faut être tenace et avoir une attitude optimiste".
Et c'est justement ce que Raphaël Domjan veut faire avec SolarStratos. L'explorateur prévoit de faire voler son avion fonctionnant grâce à l'énergie solaire et électrique à 10'000 mètres d'altitude. Le but est "d'être le premier avion électrique et solaire à cette altitude et d'aller au-delà de ce qu'avait fait Solar Impulse".
La prochaine étape sera un vol dans la stratosphère, à 20 kilomètres du sol, "si tout va bien, dès 2024".
Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Emilie Délétroz
Le triste sort de PlanetSolar
Racheté fin 2020 par l' entrepreneur belge Gunter Pauli et rebaptisé Porrima, PlanetSolar s'échoue sur une plage indienne en août 2022. Après plusieurs mois bloqué dans le port de Mumbaï, les autorités fédérales lui retirent son pavillon suisse.
"C'est vraiment terrible, mais l'objectif était de faire le tour du monde. On aura donc réussi la mission pour laquelle on l'a construit", conclut Raphaël Domjan.
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