Cet outil de prévention contre la drogue dite "du violeur" est très facile d'utilisation: il suffit de tamponner la zone test du bracelet avec quelques gouttes de votre boisson. Si le bracelet devient bleu, c'est que votre verre contient du GHB.
Le test est fiable mais, dans la pratique, son utilité est limitée. "Le résultat n'est valable que sur l'échantillon", rappelle le Dr. Marc Augsburger, responsable du laboratoire de toxicologie au Centre universitaire romand de médecine légale. "Donc dix minutes après le test, il n'est plus valable, parce qu'on aura pu modifier le contenu du verre."
Un dispositif cher et peu utilisé
Ces bracelets sont vendus par lot de deux pour près de 10 francs. Une somme dissuasive, malgré l'enjeu. "Moi, je trouve ça utile, mais payer 9 francs pour ça, sincèrement je ne le ferai pas", témoigne une jeune femme dans La Matinale.
"Il faudrait faire un système pour que ce soit accessible à toutes, parce que c'est hyper important à ce niveau-là et ça évite plein de drames", ajoute-t-elle.
Assistante en pharmacie, Marlène Haji abonde: "C'est un bon outil, mais c'est quelque chose qui devrait être donné directement aux filles dans les discothèques, les festivals, ou tout lieu où il pourrait y avoir des drogues, plutôt que de devoir le payer."
Dans sa pharmacie, pourtant proche d'une université et où passent donc beaucoup de jeunes, ces bracelets passent relativement inaperçus. "Malgré la présentation au comptoir pendant l'été, où il y a le plus de festivals, ça n'a pas plus déclenché les ventes que ça", relève-t-elle. "Et si on parle avec les jeunes, elles n'ont pas du tout connaissance de l'existence de ce bracelet."
Charge sur les potentielles victimes
Cela ne signifie pas pour autant qu'elles sont inconscientes du risque. Quand elles sortent, les jeunes femmes interrogées par la RTS font attention. Elles utilisent des petites capsules à placer au-dessus de leurs verres et comptent sur leur entourage ou sur le staff des boites de nuit. "On essaie de faire attention du mieux qu'on peut."
Car les différents dispositifs en vente présentent aussi le désavantage de faire peser le coût de la prévention sur les victimes. "Je pense juste que le problème, c'est qu'on doive payer pour ne pas être droguées et que c'est à nous de subir les frais", s'agace l'une d'elles.
Pour Albane Schlechten, qui dirige la Fondation romande pour la chanson et les musiques actuelles, des outils comme le bracelet ou le protège-verre sont effectivement des mesures d'urgence qui doivent surtout s'accompagner de mises en garde pour les potentiels auteurs.
Peu de cas enregistrés
Quant à Marc Augsburger, il dit comprendre l'inquiétude autour du GHB, mais se veut également rassurant: "C'est quelque chose qui n'est vraiment pas très courant. Donc il y a quelques mesures qui sont tout à fait simples à mettre en place" et qui ne coûtent rien, comme surveiller son verre ou s'occuper de ses copains en soirée. "On peut très vite voir si quelque chose ne va pas et réagir rapidement à ce moment-là."
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Le Centre universitaire romand de médecine légale vient de publier les résultats de l'année 2022. Comme en 2021, on constate que le GHB circule en Suisse romande, mais un seul cas de "soumission chimique" a été observé.
Il pourrait toutefois y en avoir davantage, car la molécule est très rapidement éliminée de l'organisme et lorsque les échantillons sont prélevés le lendemain, il est déjà trop tard.
Pauline Rappaz/jop
>> En savoir plus sur le site des polices romandes, ou voir le dossier du Club suisse de la Presse sur la question.