Valérie, qui en est à son quatrième rendez-vous dans cette unité, témoigne mardi dans La Matinale de la RTS: "Chaque printemps, je me sens renaître avec la nature, mais cette année, c'est d'une intensité particulière, à cause de cet horrible hiver que j'ai passé."
Réveils nocturnes, palpitations cardiaques, troubles digestifs et cognitifs, crises d'angoisse et plongée en dépression, cet hiver ne lui a rien épargné.
Valérie a eu le Covid lors de la première vague, puis d'autres infections, dont une au printemps dernier qui a déclenché son Covid long. Aujourd'hui, elle n'a presque plus de symptômes, explique-t-elle à son médecin Mathieu Saubade: "Je trouve que cela va bien, j'avais quand même des troubles de l'attention, je ne dis pas que j'ai récupéré toute ma mémoire. Je sens encore parfois des oppressions thoraciques".
"C'est flagrant, je vois vraiment la différence, par rapport à il y a quelques mois. Avant, vous étiez axée sur les symptômes", lui répond Mathieu Saubade, médecin du sport au CHUV et à Unisanté.
Le patient doit d'abord apprendre à s'écouter
Pour se soigner, Valérie a dû d'abord apprendre à prendre soin d'elle, "ce que je ne savais pas faire". Puis pour combattre ses symptômes persistants, elle a participé à de multiples ateliers: psychothérapie, acupuncture, fasciathérapie, cryothérapie, alimentation...
A l'Unité "Covid long" du CHUV, on prescrit aussi des douches froides, des exercices de cohérence cardiaque, de la physiothérapie ou encore la maîtrise de la gestion de son temps.
Le Covid long atteint l'être tout entier, le corps et l'esprit, l'approche holistique est essentielle. Selon son médecin Mathieu Saubade, "chaque activité, qu'elle soit intellectuelle, sociale, émotionnelle ou physique, peut créer des symptômes dans les heures ou les jours qui suivent. La personne doit écouter et essayer d'identifier la dose d'activité qui va lui coûter le moins".
Ces patients ne doivent pas forcer, au risque de voir des symptômes apparaître dans les jours, les semaines, voire les mois qui suivent, explique Mathieu Saubade: "C'est très impactant sur le plan mental ou émotionnel, on veut éviter et limiter au maximum ces crashs", poursuit le médecin.
L'approche sort de l'ordinaire face à une maladie peu ordinaire
Face à cette maladie, la médecine ne peut pas appliquer une rééducation classique, comme après un AVC, il n'y a aucun médicament.
La médecine doit donc se réinventer et apprendre au fur et à mesure, ceci en complicité avec les patients. Pour Valérie, cette approche est riche, "cela change de l'approche paternaliste où le médecin sait ce qui est bon pour le patient. Les rôles s'inversent un peu, les médecins sont obligés de prendre en compte notre avis, puisque c'est nouveau".
Mathieu Saubade affirme avoir appris davantage grâce aux suivis des patients que dans la littérature scientifique. La médecine assure que tout le monde ou presque devrait en guérir, idéalement avec une aide thérapeutique pour les cas graves.
Au CHUV, cinq nouvelles demandes arrivent chaque semaine. Il y a des cas récents, mais aussi des personnes qui ont eu le Covid déjà lors de la première vague et qui arrivent épuisées, après trois ans de parcours du combattant.
Sujet radio: Alexandra Richard
Adaptation web: Miroslav Mares