Publiée le 8 mai par une équipe de l'Université de Rhode Island dans la revue Earth's Future, cette étude a pour but de mettre en évidence l'impact du bâti, en particulier celui des gratte-ciels, sur la "subsidence", c'est-à-dire l'affaissement progressif de la surface de la croûte terrestre sous l'effet d'une masse.
Cette masse, les chercheurs l'ont calculée, du moins en partie: 764 millions de tonnes, soit le poids total des immeubles new-yorkais. Un chiffre partiel qui ne tient pas compte des infrastructures comme les routes, trottoirs, ponts ou autres chemins de fer de la ville.
Il ne tient pas compte non plus du poids des quelque huit millions d'individus qui peuplent la ville. En outre, la comparaison est complexe car la charge urbaine s'est accumulée sur une période beaucoup plus longue que les taux d'affaissement mesurés, et il existe de multiples causes qui interagissent.
Alerter sur l'impact d'un gratte-ciel
Par ailleurs, la ville est construite en partie sur un sol rocheux, mais aussi sur des dépôts de limon, de sable et d'argile, ce qui la rend encore plus fragile par endroits. L'urbanisation croissante de la mégapole, couplée au drainage et au pompage des eaux souterraines, risque encore d'aggraver le phénomène.
D'après la modélisation, la subsidence est ainsi plus importante dans certaines zones de Brooklyn et du Queens, mais surtout au sud de Manhattan, une zone qui se trouve en grande partie à peine 1 à 2 mètres au-dessus du niveau de l'océan.
"New York est emblématique des villes côtières en expansion dans le monde entier que l'on voit s'affaisser, ce qui signifie qu'il existe un défi mondial commun d'atténuation des risques croissants d'inondation", écrivent les chercheurs.
"L'objectif de cette étude est d'alerter sur le fait que chaque nouveau gratte-ciel construit proche d'une côte, d'un fleuve ou d'un lac peut contribuer à augmenter le risque d'inondation."
De nombreuses villes concernées
La métropole new-yorkaise est donc particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles en raison de sa situation géographique. D'autant que la montée des eaux sur la côte atlantique nord-américaine est "trois à quatre fois supérieure à la moyenne mondiale", notent les chercheurs. L'eau qui borde New York est ainsi montée de 22 centimètres depuis 1950.
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Mais "Big Apple" est loin d'être la seule ville à souffrir d'affaissement: Istanbul, Shanghai, Houston, Auckland ou encore Manille sont toutes en train de s'affaisser, selon des données satellites acquises durant six ans et publiée dans une autre étude de 2022.
Une partie de Djakarta a aussi déjà les pieds dans l’eau et la capitale indonésienne pourrait être engloutie d'ici 2050. Certaines parties de la ville s'enfoncent de près de 11 centimètres par an à cause de l'extraction des eaux souterraines. Près de 11 millions d'habitants vont d'ailleurs prochainement émigrer vers une toute nouvelle métropole.
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Pierrik Jordan