La Commission européenne veut obliger à signaler l'usage de l'intelligence artificielle
La commissaire tchèque chargée des Valeurs et de la Transparence a adressé cette demande aux signataires du code de bonnes pratiques de l'UE contre la désinformation qu'elle a rencontrés lundi à Bruxelles. Ce code, non contraignant, regroupe sur une base volontaire une quarantaine d'organisations, dont des plateformes majeures comme Facebook, Google, YouTube, TikTok - tandis que Twitter l'a récemment quitté.
>> Lire aussi : Les Occidentaux adoptent un "code de conduite" commun sur l'intelligence artificielle
"Les signataires qui intègrent l'IA générative dans leurs services comme Bing Chat pour Microsoft, Bard pour Google devraient intégrer les garanties nécessaires pour que ces services ne puissent pas être utilisés par des acteurs malveillants pour générer de la désinformation", a déclaré Vera Jourova lors d'un point de presse.
"Et deuxièmement, les signataires qui ont des services susceptibles de diffuser de la désinformation générée par l'IA devraient mettre en place une technologie pour reconnaître ce contenu et l'indiquer clairement aux utilisateurs", a ajouté Vera Jourova.
Plusieurs fausses photographies produites avec de l'IA générative ont récemment été largement relayées sur les réseaux sociaux, comme celle du pape en doudoune ou l'arrestation de l'ancien président américain Donald Trump.
>> Lire aussi : Les contenus trompeurs générés par l'IA s'invitent dans la campagne des élections américaines
Obligations de marquage dès le 25 août
Les très grandes plateformes qui comptent plus de 45 millions d'utilisateurs actifs dans l'UE seront soumises à partir du 25 août à des obligations en la matière dans le cadre de la législation sur les services numériques (DSA). Cette réglementation prévoit "le recours à un marquage bien visible" pour garantir qu'"une image, contenu audio ou vidéo généré ou manipulé (...) soit reconnaissable".
Mais la Commission veut la mise en place du label "immédiatement" dans le cadre du code de bonnes pratiques contre la désinformation. Une façon d'inciter les plateformes signataires à se mettre en conformité dès que possible avec le DSA qui, lui, s'appliquera de façon contraignante.
Négociation autour des générateurs de contenus rédactionnels
L'UE négocie par ailleurs une législation spécifiquement sur l'IA, qui prévoit des obligations de transparence pour les générateurs de contenus rédactionnels type ChatGPT, mais ces discussions entre les Etats membres et les eurodéputés traînent en longueur.
Si le texte devait être adopté avant la fin de l'année, il entrerait en vigueur "au plus tôt fin 2025", selon le commissaire européen pour le Numérique Thierry Breton, qui a convenu avec le patron de Google, Sundar Pichai, de travailler d'ici là sur des règles avec les entreprises volontaires.
afp/ebz