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De la recherche biologique sans animaux de laboratoire

Les embryoïdes, des "pseudo-embryons", sont des structures cellulaires cultivées à partir de cellules souches, présentant
des caractéristiques similaires à celles d'un embryon en termes de composition et de développement et très utiles pour comprendre l'embryogénèse. [EPFL - Alexandre Mayran]
Se passer des animaux de laboratoires pour faire de la recherche biologique / La Matinale / 1 min. / le 21 juin 2023
Se passer des animaux de laboratoire pour faire de la recherche biologique devient possible dans certains cas. Pour la première fois, un papier vient d'être publié par des scientifiques de l'EPFL et de l'UNIGE sans avoir eu recours au modèle animal.

Une équipe scientifique a réussi à avancer dans la compréhension d'un mécanisme complexe régulant la formation des embryons de souris aux premiers stades sans pour autant utiliser de petits rongeurs. Pour la première fois, un papier sur un sujet tel que l'embryogénèse a été publié mi-juin dans Nature Genetics sans expérimentation animale.

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Les embryoïdes sont des structures cellulaires cultivées à partir de cellules souches, présentant des caractéristiques similaires à celles d'un embryon. [EPFL - Alexandre Meyran]
Les embryoïdes sont des structures cellulaires cultivées à partir de cellules souches, présentant des caractéristiques similaires à celles d'un embryon. [EPFL - Alexandre Meyran]

Cela fait trente ans que le généticien Denis Duboule, professeur à l'EPFL, explore les mécanismes fondamentaux de l'évolution des mammifères dans son Laboratoire de Génomique du Développement.

Jusque-là, il n'avait jamais pu se passer d'expérience sur des animaux: "On commence à avoir des protocoles pour produire ce qu'on appelle des embryons synthétiques, des embryoïdes ou des pseudo-embryons, qui sont en fait des objets biologiques qui sont fabriqués entièrement à partir de cellules souches", explique-t-il au micro de La Matinale. "Quand on les agrège – on fait une petite boule avec elles –, très curieusement, ces cellules sont capables de s'auto-organiser en quelque chose qui ressemble beaucoup à un embryon".

Ce n'est pas un embryon qui pourrait ensuite devenir une souris ou un être humain, mais ce pseudo-embryon permet de faire de nombreuses expériences pour comprendre le fonctionnement du vivant.

Des alternatives aux animaux

Pour le généticien, ce n'est pas pour autant la fin des animaux de laboratoires: "C'est évident qu'on ne pourra pas s'en passer. Mais le problème n'est pas là. Il s'agit de pouvoir offrir des alternatives valables chaque fois que l'on peut s'en passer", souligne-t-il.

Cet embryon de souris in vivo a été utilisé pour mieux comprendre les mécanismes du développement embryonnaire chez les mammifères et les raisons de certaines malformations (4 nov. 2019). [Labo. de génomique du développement, Denis Duboule/EPFL - Catherine Leutenegger]
Cet embryon de souris in vivo a été utilisé pour mieux comprendre les mécanismes du développement embryonnaire chez les mammifères et les raisons de certaines malformations (4 nov. 2019). [Labo. de génomique du développement, Denis Duboule/EPFL - Catherine Leutenegger]

Ce modèle est de surcroît relativement simple et rapide à utiliser et meilleur marché que de vraies souris.

Il est nécessaire d'"essayer de mettre sur la place scientifique des alternatives qui poussent les scientifiques à se dire 'Pour cette expérience particulière, je n'ai plus besoin d'animaux: je peux le faire en organoïde, en embryoïde'. Les scientifiques s'engouffrent dans ces possibilités, dans tout ce domaine des organoïdes, des mini-cerveaux cultivés in-vitro".

Selon Denis Duboule, ce domaine est extrêmement prometteur: "Je suis beaucoup plus optimiste aujourd'hui que je ne l'étais encore il y a une dizaine d'années sur la possibilité d'utiliser ces systèmes alternatifs".

Le chercheur estime que de nombreux groupes de recherche pourront à moyen terme se passer d'expérimentation animale. Toutefois, pour l'heure, le modèle animal reste indispensable lorsqu'il s'agit de visualiser l'effet d'une molécule sur le système, notamment dans le cadre du développement de thérapies.

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Sujet radio: Bastien Confino

Article web: Stéphanie Jaquet

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