Cinq personnes seulement au monde sont considérées comme probablement guéries de l’infection par le virus du sida après avoir reçu une greffe de moelle, ont indiqué jeudi les Hôpitaux universitaires de Genève dans un communiqué.
Pour les autres patients, la rémission était due à une greffe issue de donneurs spécifiques, portant la rare mutation génétique CCR5 delta 32, connue pour rendre les cellules naturellement résistantes au VIH.
La particularité du patient suivi aux HUG, en collaboration notamment avec l’Institut Pasteur en France, réside dans le fait que la greffe provient de cellules souches qui ne contenaient pas cette mutation protectrice.
Traitement arrêté en 2021
Le patient vit avec le VIH depuis le début des années 1990 et a toujours suivi un traitement antirétroviral. En 2018, pour traiter une forme particulièrement agressive de leucémie, il a été soumis à une greffe de cellules souches.
Un mois après la greffe, les tests ont montré que les cellules sanguines du patient avaient été entièrement remplacées par les cellules du donneur. Ces résultats ont été accompagnés par une diminution drastique des cellules portant le VIH.
Le traitement antirétroviral a été progressivement allégé et définitivement arrêté en novembre 2021. Les analyses réalisées depuis l’arrêt du traitement n’ont détecté ni particules virales, ni réservoir viral activable, ni augmentation des réponses immunitaires contre le virus dans l’organisme du patient.
"Magnifique, magique"
Ces éléments n’excluent pas que le virus persiste encore dans l’organisme, mais ils permettent à l’équipe scientifique de considérer ce patient comme un cas de rémission de l’infection par le VIH. "Ce qui m’arrive est magnifique, magique, nous sommes tournés vers l’avenir", précise le patient, cité dans le communiqué.
"Nous explorons avec cette situation singulière des voies nouvelles dans l’espoir que la rémission, voire la guérison du VIH, ne soit plus un événement exceptionnel", explique Alexandra Calmy, responsable de l’unité VIH/SIDA aux HUG.
"On va pouvoir explorer des territoires qui nous paraissaient impossibles et d'offrir à certaines personnes, peut-être pas 39 millions, des possibilités de rémission", se réjouit la professeure genevoise dans le 19h30.
"Bien que ce protocole ne soit pas transposable à large échelle à cause de son agressivité, ce nouveau cas apporte des éléments inattendus sur les mécanismes d’élimination et de contrôle des réservoirs viraux, qui seront importants pour l’élaboration de traitements curatifs du VIH", conclut Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur.
ats/mac