Un arbre tombé sur une ligne de haute tension dans la région de Morges a créé une mini perturbation sur le réseau. S'il n'y a pas eu d'impact pour les foyers, le plus grand accélérateur à particules du CERN, lui, l'a bien ressenti. Il est tellement sensible qu'après ce petit incident, son système de sécurité s'est enclenché. L'hélium liquide contenu dans l'un de ses tubes n'est donc plus refroidi.
Lorsqu'il se réchauffe, l''hélium devient un gaz. "Et en devenant un gaz, il s'étend. Et comme il est dans une enceinte et ne peut pas s'échapper très vite, il y a une pression qui s'exerce", explique dans le 12h30 de la RTS Jörg Wenninger, physicien en charge du fonctionnement du LHC au CERN.
Egalement interrogé dans le 12h45, il précise qu'un "tout petit trou d'un millimètre carré s'est ouvert au moment où il y a eu cette grande pression".
Réparation complexe
En 15 ans, jamais une réparation n'avait donné autant de fil à retordre aux experts. Si de petites pannes sont courantes, il est plus rare d'en avoir d'aussi grandes.
Le petit trou "a fait capoter une série d'aimants, qui sont essentiels pour le fonctionnement de l'accélérateur", explique Jörg Wenninger. "Même s'il reste de la circonférence parfaitement intacte, il faut l'arrêter et réparer exactement cette composante", poursuit-il.
Et cette fois, l'arrêt du système prend du temps. Il a d'abord fallu identifier où se trouvait ce trou et la réparation s'avère maintenant très technique.
"Il suffit de couper la pièce, de la sortir et de mettre la nouvelle", explique le physicien. "Le problème c'est que c'est dans un environnement complexe. Il y a plein de tubes différents qu'il ne faut évidemment pas endommager".
Arrêt plus court
Cette réparation prendra plusieurs semaines. Il faudra donc attendre au moins début septembre avant de pouvoir remettre en route les premiers faisceaux, ce qui aura un impact sur la recherche. "On va perdre à peu près la moitié des données espérées pour cette année", estime Jörg Wenninger.
Les accélérateurs du CERN sont mis à l'arrêt chaque année durant l'hiver. A cause de cette panne, la durée des prochaines pauses risque bien d'être plus courte.
"Comme la panne est arrivée assez tôt dans la période d'opération, on peut peut-être compenser en fonctionnant plus longtemps certaines autres années", confirme Jörg Wenninger.
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Sujet radio: Gabriela Cabré
Sujet TV: Jacqueline Pirszel
Adaptation web: Emilie Délétroz