C'est une révolution silencieuse dans l'industrie du numérique. Après la publicité ciblée, des géants tels que Meta (Instagram, Facebook, WhatsApp) et X (ex-Twitter), sont prêts à franchir un autre cap: utiliser vos données personnelles pour entraîner des intelligences artificielles.
Les données collectées servent notamment à former des IA génératives comme ChatGPT, qui peuvent produire automatiquement du texte ou créer des images. Ces intelligences sont omniprésentes, du Cloud à l'email, et représentent un marché en plein essor. Pour preuve, Microsoft a récemment investi 10 milliards de dollars pour intégrer la technologie GPT dans ses produits comme Word ou Excel.
Pourquoi un tel engouement pour les données? Simplement parce que la performance d'une IA est fonction de la quantité de données sur laquelle elle a été entraînée. Jusqu'à présent, les développeurs utilisaient des bases de données gigantesques collectées sur Internet, souvent truffées d'informations personnelles ou de contenus sous droit d'auteur.
Face à ces pratiques, plusieurs agences de protection des données, dont la Suisse, ont envoyé une lettre aux grandes plateformes. Elles mettent en garde contre l'utilisation abusive de données personnelles.
Un enjeu économique
La réaction des réseaux sociaux a été rapide: ils modifient leur politique de confidentialité pour obtenir le consentement explicite des utilisateurs.
Il s'agit aussi d'un enjeu économique considérable. Par exemple, un utilisateur de Facebook en Europe rapporte déjà un peu moins de 6 dollars par mois grâce à la publicité ciblée, et jusqu'à 17 dollars pour un internaute américain.
Les options pour refuser ce partage de données sont généralement dissimulées dans les menus de confidentialité. Meta a même créé une page spécifique, appelée "genai". Un formulaire permet de limiter l'utilisation de vos données par des développeurs tiers. Mais les données pourraient toujours être utilisées pour entraîner les propres IA de Meta.
Théoriquement, toutes vos données personnelles (nom, travail, contact, photo) pourraient apparaître dans des réponses faites à d'autres utilisateurs.
Actuellement, Meta travaille sur une IA générative capable de produire en un clic des publicités en ligne. Au hasard de vos visites, vous pourriez bientôt reconnaître votre sourire dans une pub.
Pascal Wassmer