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La nouvelle course à la Lune, ça change quoi pour vous?

La nouvelle course à la Lune, Ça change quoi pour toi ? [RTS]
La nouvelle course à la Lune, Ça change quoi pour toi ? - [RTS]
La course à la Lune s'est accélérée cet été. Après les Etats-Unis, la Russie et la Chine, l'Inde a à son tour posé sa sonde Chandrayaan- 3 sur le satellite de la Terre. Le Japon est le dernier en date à être entré dans la course. La Lune, et plus largement l'espace, est le nouvel eldorado économique.
La nouvelle course à la Lune, Ça change quoi pour toi ?
La nouvelle course à la Lune, Ça change quoi pour toi ? / Ça change quoi pour vous ? / 6 min. / le 7 septembre 2023

Avec la crise climatique, l'idée de trouver une planète B, ou en tout cas de nouvelle ressources à exploiter, a relancé la course à l'espace. Première étape: la Lune pour ses ressources en eau et autres minéraux.

"Les terres rares sont des minéraux que vous retrouvez dans les nouvelles technologies comme par exemple pour vos téléphones, pour des utilisations militaires, pour des panneaux solaires ou pour les batteries des voitures électriques. Et on sait que sur Terre, ces ressources seront épuisées dans les prochaines décennies", a expliqué Corinne Charbonnel, astrophysicienne et professeur d'astronomie à l'Unige, dans l'émission Forum du 28 août 2023.

Une autre motivation à la conquête spatiale est l'hélium 3, l'énergie potentielle du futur. Il s'agit de nucléaire sans déchet radioactif. Une technologie que l'on ne maîtrise pas encore mais qui attise les convoitises et place la Lune comme escale pour atteindre Mars et les autres planètes.

Traités pour la non-appropriation

Un traité de 1967 sur l'espace pose le principe de non-appropriation de l'espace et des corps célestes, quelle que soit la forme de propriété. Un autre traité a été signé en 1979 à Genève pour régir les activités des Etats sur la Lune et les autres corps célestes.

Seulement, ce dernier est aujourd'hui perçu comme un échec. "Le problème c'est que les puissances spatiales ont finalement rejeté cet accord et aujourd'hui le régime est inachevé", dénonçait Philippe Achilléas, directeur de l'Institut droit espace et télécommunications dans l'émission Forum du 28 août 2023.

Aujourd'hui, des discussions interétatiques sont en cours sous l'égide de l'ONU pour définir des principes communs. Mais il reste difficile de savoir si elles vont pouvoir réguler les appétits des Etats.

Course entre privés fortunés

La conquête spatiale ne concerne plus seulement les Etats. Les privés aussi s'y sont lancés ces dernières années. Parmi les plus célèbres, on retrouve Elon Musk dont la société SpaceX fabrique des fusées pour la NASA et Jeff Bezos, le patron d'Amazon, qui a réussi son premier vol habité avec sa fusée Blue Origin. Tous les deux rêvent de coloniser d'autres planètes, à commencer par Mars.

>> Lire sur le même sujet : A bord de sa fusée Blue Origin, Jeff Bezos réalise son rêve d'espace

"Je suis absolument en désaccord avec l'idée de coloniser (d'autres planètes, ndlr). Pareil pour le tourisme spatial. Je trouve ça aberrant que des gens riches puissent payer pour dire 'je suis allé sur Mars'. Il ne faut pas oublier que le pire des endroits sur Terre est un paradis comparé à ces endroits", a argumenté Michel Mayor, astrophysicien et prix Nobel de physique dans Géopolitis le 1er novembre 2020.

Conquête de superpuissances

L'espace a toujours fait l'objet de convoitises. Durant deux décennies, deux nations se sont concurrencées dans leur course à l'espace: les Etats-Unis et l'ex-URSS (l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques), aujourd'hui la Russie. L'espace est donc devenu l'un des enjeux de la rivalité entre deux modèles idéologiques: le communisme de l'URSS et le capitalisme des Etats-Unis.

Les Soviétiques commencent par faire la course en tête. Avec Spoutnik 1, ils ont été les premiers en 1957 à mettre en orbite un satellite, puis à envoyer un animal dans l'espace (la chienne Laïka), à envoyer le premier homme dans l'espace (Youri Gagarine en 1961) et ensuite la première femme (Valentina Terechkova en 1963). Mais ce sont les Américains qui planteront le premier drapeau sur la Lune le 21 juillet 1969.

>> Retrouver notre grand format sur le début de la conquête spatiale : Il y a 60 ans, les Soviétiques lançaient la conquête de l'espace

Nouvelle course à la Lune

Pour la Russie, la conquête spatiale est une manière de montrer qu'elle a d'autres activités que la guerre en Ukraine et que malgré les sanctions, elle reste un partenaire fiable de la Chine.

Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique à Paris, dans le 19h30 du 11 août 2023

Cette course à la Lune se fait entre les nouvelles puissances mondiales. Les Etats-Unis restent en tête avec une mission habitée pour 2025. En revanche, l'avancée russe continue à être mise à mal par les sanctions liées à la guerre en Ukraine, sans compter que sa sonde Luna 25, la première envoyée sur la Lune en 50 ans, s'y est écrasée le 20 août dernier alors que sa portée était symboliquement importante.

>> Voir le sujet du 19h30 à ce propos :

La sonde russe Luna-25 s'est écrasée sur la Lune. La Russie échoue dans sa tentative de conquête spatiale
La sonde russe Luna-25 s'est écrasée sur la Lune. La Russie échoue dans sa tentative de conquête spatiale / 19h30 / 2 min. / le 20 août 2023

"Pour la Russie, il est important de montrer qu'elle a d'autres activités que cette simple guerre", indique Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique à Paris, dans le 19h30 du 11 août 2023. "C'est important d'un point de vue de l'affichage politique et vis-à-vis de la Chine. C'est un rappel que, malgré les sanctions liées à la guerre, la Russie est un partenaire fiable technologiquement et stratégiquement."

Le 3 janvier 2019, la Chine a posé un robot sur la face cachée de la Lune. "C'est un très bon début ! Nous construisons une puissance de l'espace et c'est un symbole important de notre avancée", se félicitait l'ingénieur en chef du programme d'exploration lunaire Wu Weiren, le 21 juillet 2019 dans le 19h30.

Les responsables chinois prévoient de déposer deux astronautes à la surface de la Lune vers 2030. L'objectif à terme est de disposer d'un avant-poste occupé de manière semi-permanente au pôle sud de la Lune. De son côté, l'Inde vient d'accéder au rang de puissance spatiale.

Cette course reflète donc l'état des tensions entre les puissances terriennes. Et la Suisse y joue sa carte.

>> Pour tout savoir sur les enjeux du retour sur la Lune : Les principaux enjeux du retour sur la Lune avec la mission Artemis

La Suisse engagée

En tant que membre de l'ESA, l'Agence spatiale européenne qui a un fort programme d'exploration et qui collabore avec la NASA sur le programme Artémis, la Suisse est présente dans cette course.

"Lors de la dernière réunion ministérielle de l'agence européenne, la Suisse a décidé de doubler ses investissements pour les programmes d'exploration. Elle est présente et engagée", déclarait la chargée des questions spatiales du DFAE Natália Archinard, dans l'émission Forum du 28 août 2023.

>> Ecouter le grand débat de Forum en entier :

Grand débat – Faut-il exploiter les ressources de la lune?
Grand débat – Faut-il exploiter les ressources de la lune? / Forum / 18 min. / le 28 août 2023

Après Claude Nicollier, le premier astronaute suisse en 1992, la Suisse a un nouveau visage spatial: le Biennois Marco Sieber. Actuellement en formation à Cologne, il pourrait aller sur la Lune. "Si c'est moi, c'est super mais sinon je me réjouis de qui pourrait faire ce projet", déclarait-il dans le 19h30 du 6 juin 2023.

Pour les deux prochaines années, la présidence de l'ESA est suisse, ouvrant la voie à nos industries et à de nouvelles vocations chez les jeunes astronautes.

Le spatial en Suisse, ça bouge!

Renato Krpoun, chef de la division des affaires spatiales de la Confédération SEFRI, sur le plateau du 19h30 le 6 juin 2023

"On vient de lancer une sonde vers Jupiter où il y avait quatre instruments suisses, donc le spatial en Suisse, ça bouge!", se réjouissait Renato Krpoun, chef de la division des affaires spatiales de la Confédération SEFRI, sur le plateau du 19h30 le 6 juin 2023. "On voit beaucoup d'associations d'étudiants qui sont en train de se former. Le spatial attire beaucoup d'intérêt."

Enfin, le directeur des vols habités de l'agence spatiale européenne est Fribourgeois. C'est Daniel Neuenschwander. "Après sept ans à la direction des lanceurs, devenir le responsable de l'exploration habitée et robotique est très inspirant car on s'ouvre sur le monde", déclarait-il dans le 19h30 le 3 septembre 2023.

>> Son portrait dans le 19h30 : La délicate mission de Daniel Neuenschwander, nouveau chef des vols spatiaux habités européens et Aventure spatiale et guerre des étoiles

>> Pour aller plus loin sur le sujet de la conquête lunaire: Aventure spatiale et guerre des étoiles

Et vous dans tout ça?

Pour compenser l'exploitation des ressources terrestres, on ne peut pas encore compter sur la Lune ni sur d'autres planètes. On ne sait pas à ce stade ce qu'on y trouvera, ni ce que cela coûtera de le ramener ici-bas.

Cette course, c'est aussi la possibilité de vols touristiques mais réservés à une certaine élite. Virgin Galactic propose des tickets à près de 400'000 francs pour quelques minutes en apesanteur. Le troisième vol commercial de la compagnie est prévu ce vendredi 8 septembre 2023.

Cette course a de quoi nourrir nos imaginaires, que ce soit sur la question de la vie extraterrestre ou du futur de l'accessibilité de l'espace. La cinémathèque propose jusqu'au 29 octobre une rétrospective sur 100 ans de cinéma dédié à l'exploration spatiale. Et le Mudac lui a emboîté le pas.

Claire Burgy/juma

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