Avant les vrais Nobel, les ig-Nobel récompensent les recherches les plus farfelues
Cette compétition, baptisée Ig-Nobel - jeu de mot sur "ignoble" en anglais - récompense "des accomplissements qui font d'abord rire les gens, puis les font réfléchir". La cérémonie de la 23e édition a été diffusée en ligne jeudi soir à l'heure américaine.
Des lauréats des vrais prix Nobel, certains coiffés de chapeaux extravagants, ont décerné les Ig-Nobel, assortis de récompenses de dix milliards de milliards de dollars zimbabwéens. Soit une valeur proche de zéro compte tenu de l'inflation astronomique de ce pays africain.
Le magazine scientifique humoristique Les Annales de la recherche improbable (Annals of Improbable Research) a présenté les dix lauréats.
"Manger des fossiles"
Le prix de chimie et géologie est allé à Jan Zalasiewicz, géologue à l'Université de Leicester (Angleterre), "pour avoir expliqué pourquoi de nombreux scientifiques aiment lécher des cailloux". Le lauréat a expliqué avoir écrit son étude intitulée "Manger des fossiles" après s'être rendu compte que "des géologues du XVIIIe siècle utilisaient le goût des cailloux pour mieux les identifier".
En littérature, une équipe internationale a été récompensée "pour l'étude des sensations éprouvées par des gens répétant un même mot beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de fois".
Avec la conclusion que cette répétition rendait singulier quelque chose de familier, et permettait d'atteindre ainsi un état de "jamais vu", et non pas de "déjà vu".
"Nécrobotique"
Pour le prix d'ingénierie mécanique, une équipe américaine a "réanimé" des tarentules mortes pour utiliser leurs pattes comme des pinces. Avec une vidéo à l'appui montrant des araignées bien mortes dont les pattes s'ouvraient avant de saisir un petit objet.
Le travail de "nécrobotique" consiste à utiliser des parties d'animaux dans des robots, ont expliqué les chercheurs de l'Université de Rice, à Houston (Etats-Unis).
Seung-min Park, à l'Université américaine de Stanford, s'est distingué avec le prix de santé publique pour des toilettes capables d'analyser rapidement les selles.
La "cuvette-WC de Stanford" dispose même d'un senseur d'"empreinte anale", capable de reconnaître à quel individu appartient l'orifice examiné, un peu comme le fait un logiciel de reconnaissance du visage pour les smartphones.
Parler à l'envers
L'Ig-Nobel de communication est allé à la recherche sur les personnes capables de parler rapidement à l'envers. Les récipiendaires ont accepté leur prix en verlan. L'économiste Esther Duflo, lauréate du (vrai) Nobel d'économie, a suggéré que les chercheurs se penchent sur cette pratique très répandue en France.
En médecine, des chercheurs ont été distingués pour l'étude sur le nombre de poils dans les narines sur des cadavres. Les chiffres varient bien d'un décédé à l'autre, mais en moyenne la narine de gauche abrite 120 poils contre 112 pour celle de droite.
Les Japonais Hiromi Nakamura et Homei Miyashita se sont illustrés dans la catégorie Nutrition grâce au développement de baguettes et pailles électrifiées qui rehaussent le goût des aliments et boissons.
"Cela permet d'augmenter le caractère salé de la nourriture", a déclaré Homei Miyashita lors de la cérémonie de remise des prix.
L'ennui par contamination
Les enseignants auront prêté une attention particulière au prix d'Education attribué à des chercheurs étudiant l'effet qu'ils peuvent avoir sur leurs étudiants s'ils ont l'air de s'ennuyer.
"Nous avons découvert que si les étudiants pensaient que leurs profs s'ennuyaient en donnant leurs cours, alors ils s'ennuyaient encore plus", a annoncé sur un ton fatigué le lauréat Christian Chan.
Combien de passants dans une rue vont lever la tête s'ils voient d'autres personnes tordre le cou pour regarder vers le ciel? C'est l'objet d'une étude de chercheurs américains qui ont remporté le Ig-Nobel de psychologie. Conclusion: plus il y a de gens regardant en l'air, plus nombreux sont les passants qui les imitent.
Le Ig-Nobel de physique a récompensé des travaux cherchant à mesurer si "le mélange des eaux océaniques est affecté par l'activité sexuelle des anchois". "Je crois qu'il y a un consensus sur le fait que ça n'a pas d'importance", a regretté Bieito Fernandez Castro, l'un des lauréats, parmi lesquels figure également un chercheur suisse.
Les vrais Nobel seront décernés en octobre.
afp/kkub