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Biohacking: l'intelligence artificielle au service de la santé?

Guénolé Addor, médecin FMH et biohacker [RTS - Cédric Guigon]
Biohacking: l'IA au service de la santé? / L'actu en vidéo / 2 min. / le 13 octobre 2023
Fréquence cardiaque, sommeil ou glycémie: avec des appareils connectés toujours plus performants, les biohackers mesurent leur propre santé et adaptent leur rythme de vie en fonction des données. Le magazine 15 Minutes s'est intéressé à cette tendance et aux questions qu'elle soulève.

Verre d'eau filtrée avec des électrolytes, méditation sous lumière rouge, douche froide et relevé de sa bague connectée qui mesure son sommeil: c'est le rituel matinal de Guénolé Addor, médecin et biohacker. "On voit que cette nuit je n'ai pas bien dormi. Ma fréquence cardiaque au repos était à 54 alors que d'habitude elle est beaucoup plus basse. J'ai mis pas mal de temps à m'endormir parce qu'on a reçu des amis et j'ai mangé tard".

Aux Etats-Unis, Dave Asprey est une figure visible en la matière. Après une maladie, ce riche entrepreneur informaticien a décidé de considérer son corps comme un système informatique et de le "hacker", de le manipuler, pour l'optimiser. Avec un objectif qu'il clame haut et fort: pouvoir vivre jusqu'à 180 ans.

"Moi, ce que je veux vraiment, c'est optimiser mes années de vie en termes qualitatifs. Et je pense que le cercle vertueux de tout ça sera que je vais vivre plus longtemps, probablement", explique Guénolé Addor, qui s'est spécialisé dans la médecine de longévité. Mais pas de quoi le rendre esclave de ces données: "Quand vous prenez soin de vous, ça devient un cercle vertueux où vous prenez plaisir à le faire".

>> Ecouter le reportage de 15 Minutes :

Le biohacking: l'IA au service de la santé? [RTS - Cédric Guigon]RTS - Cédric Guigon
Biohacking: l'IA au service de la santé ? / 15 minutes / 14 min. / le 13 octobre 2023

La fin des médecins?

Ces applications suivent les données de santé, commencent à établir des diagnostics et même à donner des conseils. "Il ne faut pas mettre de côté les outils qu'on est en train de nous donner, il faut aider les gens à les utiliser et à s'aider de ces outils pour faire de la médecine préventive", affirme Guénolé Addor. Il estime que les pratiques globales de biohacking pourraient contribuer, par la prévention, à faire baisser les coûts de la santé.

Mais Bertrand Kiefer, médecin, éthicien et rédacteur en chef de la Revue médicale suisse, s'en inquiète: "Il y a un risque que les gens s'adressent directement à toutes sortes d'intelligences artificielles, de capteurs de données et que tout passe par les big data à la place du médecin. Or, je crois que pour soigner, il faut quand même une altérité, il faut un autre. Rien que pour poser le diagnostic".

Des données de santé sensibles

Guénolé Addor admet que ces données posent des questions éthiques. "Mais il ne faut pas se leurrer, que ce soit la santé ou autre, on sait tout de nous". Bertrand Kiefer nuance: "Je pense qu'on est complètement naïfs par rapport à toutes ces données qui tout de même concernent notre santé. Quand on donne des données à une application, elles ne servent pas l'intérêt général, elles servent l'intérêt de l'application".

Pourtant aujourd'hui, une majorité des Suisses mesurent leur activité physique avec des appareils connectés, selon un sondage Digitech Galaxus.

Au CHUV à Lausanne, Patrick Schoettker, chef du service d'anesthésiologie, confirme: "De plus en plus de patients viennent à nos consultations avec des données qu'ils ont récoltées par différentes apps. Et les apps, tous les jours, il y en a des nouvelles qui sortent. Et ça va être notre métier de médecin digital: comprendre d'où viennent ces mesures, par quels mécanismes elles ont été récoltées et ce qu'elles expriment".

>> Ecouter l'interview de Philippe Cudré-Mauroux, professeur en sciences des données à l'Université de Fribourg :

Le biofeedback, une nouvelle forme de suivi médical en temps réel. [Fotolia - alexey boldin]Fotolia - alexey boldin
Biohacking: l'IA au service de la santé ? / Forum / 7 min. / le 14 octobre 2023

Guillaume Rey, Cédric Guigon

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