Le système se distingue par le fait que les six planètes qui le composent tournent autour de l'étoile en son centre en parfaite harmonie. La planète la plus proche de l'astre accomplit six tours complets en 55 jours, alors que pendant exactement ce même laps de temps, la plus éloignée effectue une seule rotation. Les autres planètes évoluent aussi selon une même chaîne précise de résonance.
"Nous connaissons environ 5000 exoplanètes, mais les systèmes au sein desquels les résonances s'étendent sur une chaîne aussi longue de six planètes sont extrêmement rares", a expliqué Hugh Osborn, astrophysicien à l'Université de Berne et coauteur de l'étude. Les exoplanètes sont des planètes qui tournent autour d'autres étoiles que notre Soleil.
Cette caractéristique nous permet de savoir que le système est resté largement inchangé depuis sa formation il y a plus d'un milliard d'années, selon le scientifique. Les systèmes planétaires jeunes ont tendance à se mouvoir en résonance, mais la plupart perdent ce rythme au fil du temps. Les impacts de météorites peuvent par exemple venir perturber ce fragile équilibre.
Grand potentiel pour la science
De tels systèmes revêtent une importance particulière pour la science, car leur étude permet de tirer des conclusions sur la formation des exoplanètes. "Et si nous connaissons mieux les autres planètes, nous en saurons finalement plus sur la Terre" et ses particularités, explique le scientifique.
L'étoile HD110067 au centre du système revêt un grand potentiel pour la recherche scientifique également du fait qu'elle est particulièrement brillante. Cela en fait un candidat de recherche idéal, car plus une étoile est brillante, plus elle est visible par les télescopes, explique Hugh Osborn.
Lorsque les planètes passent devant l'étoile au centre du système, la lumière filtre à travers les atmosphères planétaires, ajoute Jo Ann Egger, doctorante à l'Université de Berne et coauteure de l'étude, citée dans un communiqué. Ainsi, les astronomes peuvent déterminer la composition chimique et d'autres propriétés des atmosphères. Pour que cela soit possible, l'étoile doit être particulièrement brillante, comme c'est le cas pour HD110067.
Les planètes du système ne ressemblent cependant pas à la Terre, a souligné Hugh Osborn. Ces mini-Neptune sont deux à trois fois plus grandes que la Terre, possèdent une très faible densité ainsi qu'une atmosphère riche en hydrogène, estiment les chercheurs.
Tess a identifié HD110067 en 2020
Les planètes en orbite autour de HD110067 ont été repérées pour la première fois en 2020 par un satellite de la NASA appelé Tess (Transiting Exoplanet Survey Satellite), permettant de calculer les orbites de deux d'entre elles. Mais c'est le télescope spatial CHEOPS (CHaracterising ExOPlanets Satellite) qui a permis de résoudre l'énigme du système complet, a déclaré Hugh Osborn.
CHEOPS avait permis de découvrir un autre système planétaire avec chaîne de résonance en 2021, en orbite autour de l'étoile TOI-178. La luminosité particulière du système HD110067 et ses six planètes évoluant en harmonie en font cependant un objet d'étude nettement plus intéressant que TOI-178, a conclu Hugh Osborn.
ats/ther
Mission conjointe de la Suisse et de l'ESA
CHEOPS est une mission conjointe de la Suisse et de l'Agence Spatiale Européenne (ESA), sous la direction de l'Université de Berne et en collaboration avec celle de Genève.
Le satellite spatial qui tourne autour de la Terre à une altitude de 700 kilomètres a été lancé en décembre 2019. Il contribue à la recherche dans le domaine des exoplanètes.