Rachid Guerraoui: "ChatGPT dit parfois n'importe quoi, parce qu'il ne s'est pas assez méfié des données"
Alors que les guerres internes au sommet d'OpenAI - l’entreprise qui a créé Chat GPT - défraient la chronique, Rachid Guerraoui, rappelle que la recherche fondamentale continue.
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"Un de nos collègues à l'EPFL vient de sortir ce que l'on appelle un modèle de langage pour la médecine, qui assisterait encore mieux qu'aujourd'hui les médecins pour aider au diagnostic. Il ne les remplacerait pas, il les aiderait."
Le responsable du laboratoire de calcul distribué de l’EPFL se montre optimiste face aux possibilités offertes par l'intelligence artificielle: "Il y a beaucoup de progrès qui pourraient nous aider à lutter contre le réchauffement climatique. Si on pouvait prédire avec une certaine justesse où il y aurait de grosses pluies comme ce qu'il vient d'arriver en Libye, on pourrait mieux se préparer. Il y a des domaines où l'intelligence artificielle peut énormément apporter, je pense à la médecine, etc. "
Développer des logiciels responsables
Mais Rachid Guerraoui est également conscient des dangers: "Effectivement, il y a des choses qui font peur, en particulier l'impunité qu'on peut parfois observer derrière les logiciels et les gens qui les utilisent pour diffamer ou raconter n'importe quoi pour orienter des décisions politiques."
Pour le professeur, il existe néanmoins des solutions: "En Suisse, on peut investir dans les universités pour travailler sur des logiciels plus sûrs, plus responsables, et peut-être mettre sur pied une certification helvétique qui permettrait de différencier les logiciels responsables de ceux qui le sont moins."
Dans son laboratoire, Rachid Guerraoui travaille lui-même sur des formes d'intelligence artificielle plus fiables: "On apprend aux machines à apprendre en se méfiant des données. Quand on envoie un enfant à l'école, on ne lui dit pas de se méfier de son maître ou de sa maîtresse, mais quand il apprend sur internet, on lui dit 'attention, tu peux lire n'importe quoi'. Et les machines apprennent énormément sur internet. ChatGPT apprend énormément sur internet et dit parfois n'importe quoi, parce qu'il ne s'est pas assez méfié des données", explique-t-il.
Une technologie omniprésente
L'intelligence artificielle est partout dans notre quotidien, sans même qu'on ne s'en rende compte. Par exemple, pour connaître les conditions de circulation sur la route et le trajet le plus court, on utilise des applications qui sont nourries par l'intelligence artificielle. Cette même intelligence artificielle nous suggère de nouvelles chansons à écouter en se basant sur nos habitudes d'écoute.
Mais les applications de musique, de streaming et les réseaux sociaux n'ont pas attendu l'arrivée de ChatGPT pour utiliser cette technologie. C'est même grâce à elle qu’ils nous connaissent si bien.
Il y a même une application encore plus vieille que les réseaux sociaux: les moteurs de recherche. Avec quelques mots-clés, ces outils proposent des réponses automatiques grâce à l'intelligence artificielle.
Se simplifier la vie
Il est toutefois possible d'utiliser soi-même directement ChatGPT pour simplifier certains gestes de tous les jours. Par exemple, Alexandre photographie l’intérieur de son réfrigérateur et demande à ChatGPT d’établir le menu. Un gain de temps et une source d’inspiration pour cet enseignant qui adapte sa demande à ses convives.
"S’il y a des enfants qui sont à table, on peut lui demander d’adapter le repas ou selon les allergies et accessoires dont on dispose dans la cuisine", explique Alexandre dans le 19h30.
>> Le reportage du 19h30:
Propos recueillis par Philippe Revaz
Sujets TV: Charlotte Onfroy-Barrier et Florence Vuistiner
Version web: asch