Un modèle d'intelligence artificielle reconnaît par satellite les déchets en mer
L'accumulation de déchets en mer est certes visible sur les images satellites Sentinel 2 de l'Agence spatiale européenne (ESA). Mais comme il s'agit de téraoctets de données, celles-ci doivent être analysées automatiquement à l'aide de modèles d'intelligence artificielle, a indiqué cette semaine l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dans un communiqué.
Les scientifiques ont mis au point un nouveau détecteur basé sur l'IA qui estime la probabilité de présence de débris marins pour chaque pixel des images satellite Sentinel-2. Le détecteur reste précis même dans des conditions difficiles, par exemple lorsque la couverture nuageuse et la brume empêchent les modèles existants d'identifier précisément les déchets. Ces travaux sont publiés dans la revue Cell iScience.
Deux sources
Outre une prédiction plus précise des agrégations de débris marins, le modèle de détection permet également de repérer les débris dans les images de PlanetScope, provenant de nanosatellites, accessibles quotidiennement. La combinaison des acquisitions hebdomadaires de Sentinel-2 et des acquisitions quotidiennes de PlanetScope peut combler le fossé vers une surveillance quotidienne continue, selon les auteurs.
PlanetScope et Sentinel-2 capturent parfois la même zone de débris marins le même jour, à quelques minutes d'intervalle. Cette double vue du même objet à deux endroits révèle la direction de la dérive due au vent et aux courants océaniques. Cette information peut être utilisée pour améliorer les modèles d'estimation de la dérive des débris marins.
Des centaines de millions de tonnes
L'Université de Wageningen va poursuivre ces explorations en collaboration avec des partenaires aux Pays-Bas, tels qu'Ocean Cleanup, qui collectent les plastiques en haute mer à l'aide de navires spécialisés.
Ces recherches donnent une lueur d'espoir alors que les déchets plastiques sont estimés à 230 millions de tonnes dans les mers et océans, sans compter les microparticules qui coulent en profondeur. Et chaque année, 8 millions de tonnes supplémentaires de plastique finissent dans les océans. Un "continent de plastique" de dix à trente mètres d'épaisseur et étendu comme six fois la France se balade ainsi quelque part dans l'océan Pacifique.
ther/boi avec ats