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La Suisse occupe une place de choix dans le domaine spatial, selon Renato Krpoun

L'invité de La Matinale (vidéo) - Renato Krpoun, chef de la division Affaires spatiales au SEFRI
L'invité de La Matinale (vidéo) - Renato Krpoun, chef de la division Affaires spatiales au SEFRI / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / le 17 janvier 2024
"L'excellence de l'écosystème académique en Suisse" aide l'Europe à maintenir sa place dans le domaine spatial, se réjouit le chef de la division des affaires spatiales, Renato Krpoun, invité dans La Matinale de la RTS mercredi.

"On a Thomas Zurbuchen, qui est parti de l'Université de Berne pour conquérir les Etats-Unis et y devenir le responsable de la recherche à la NASA avant de revenir en Suisse. Il montre l'excellence de l'écosystème académique en Suisse", se réjouit Renato Krpoun, chef de la division Affaires spatiales au Secrétariat d'Etat à la formation, à la recherche et à l'innovation (SEFRI), au micro de la RTS.

Il évoque aussi l'Université de Berne, qui a participé aux premières missions lunaires, les instruments suisses intégrés à la sonde Juice, lancée en direction de Jupiter, le scientifique helvète Willy Benz, qui a dirigé un consortium scientifique lors de la mission CHEOPS lancée en 2019 pour caractériser les exoplanètes, et Marco Sieber, qui a été désigné en 2022 comme successeur de Claude Nicollier, astronaute à l'ESA.

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Malgré ces réussites, la Suisse n'a pas pour projet de créer sa propre agence spatiale, indique l'invité de la RTS. Pour cela, "il faudrait un programme spatial (...). Donc nous avons pour l'instant décidé de ne pas avoir d'Agence spatiale suisse et de plutôt renforcer notre participation du côté de l'ESA".

Chaque année, la Suisse investit environ 200 millions de francs dans des projets de recherche et développement pour l'ESA.

Européens en retard mais pas dans tous les domaines

Les Européens sont souvent vus à la traîne dans le spatial, mais Renato Krpoun relève que ce n'est pas systématique. "Si l'on regarde les domaines de l'observation de la Terre, la navigation et les télécommunications, les Européens sont devant. Par exemple, Galileo (système de positionnement par satellites, ndlr) est plus précis que son homologue américain, notamment grâce aux horloges atomiques de fabrication suisse contenues dedans."

En revanche, sur les lanceurs, les Européens sont en retard, reconnaît celui qui est à la tête du Conseil de l'ESA. "On a pris un certain retard alors qu'on était en avance pendant des années."

>> Sur le sujet, lire : Paul Wohrer: "L'Europe ne doit pas devenir dépendante d'un autre dans la course à l'espace"

Cela s'explique par plusieurs facteurs: "le marché américain étant fermé aux Européens, le marché pour les sociétés américaines est cinq à six fois plus grand que celui pour les entreprises européennes. Donc ça fait une différence. Ensuite, on a constaté qu'il n'y avait pas assez de demandes pour avoir plusieurs sociétés qui construisent des lanceurs en Europe. Elles se seraient simplement cannibalisées".

En réaction, l'ESA a décidé en 2023 "d'assurer l'autonomie dans l'espace avec Ariane 6 et Vega-C dont les vols sont prévus en 2024 et d'ouvrir la concurrence pour des lanceurs moyen-lourds dans un premier temps. "Sachant qu'il faut six ans pour mettre en place un lanceur, l'invité de la RTS prévient que les résultats des décisions prises en 2023 ne se verront que vers la fin de la décennie".

>> Pour en savoir plus, lire : Le premier vol de la nouvelle fusée européenne Ariane 6 prévu à l'été 2024 et L'Europe aimerait investir plus dans l'espace pour gagner en autonomie

Conquérir la Lune avant Mars

Si pendant plusieurs années les Etats se sont positionnés sur la conquête de Mars, ils mobilisent aujourd'hui leurs forces sur la Lune. "On a réalisé que nous n'avions pas les capacités technologiques en ce moment et que la première étape à franchir est donc de maîtriser le vol vers la Lune, y habiter et y travailler", explique Renato Krpoun.

>> Sur ce sujet, lire : La nouvelle course à la Lune, ça change quoi pour vous?

D'autant que les scientifiques ont trouvé des intérêts à étudier le satellite naturel de la Terre: "on y a trouvé de l'eau et on aimerait étudier les tubes de lave que l'on a trouvés", détaille-t-il. "Il y a tout un tas d'avancées scientifiques qu'on pourrait faire sur la Lune. Donc elle est revenue au premier plan. Les Américains ont ainsi mis en place une mission Artemis et la Chine a lancé des vols habités vers la Lune, ce qui amène de la compétition."

Sans surprise, Renato Krpoun estime que les Américains sont les plus avancés dans cette conquête, malgré le récent échec de l'alunisseur Peregrine.

>> Relire : L'alunisseur américain parti en difficulté est encore dans l'espace

Et là aussi la Suisse est dans le coup. "Les Européens et la Suisse participent au programme américain Artemis en fournissant des composants, de l'électronique et des mécanismes pour le Space Launch System (lanceur spatial, ndlr) de la NASA", rappelle le scientifique de l'ESA.

Propos recueillis par: Pietro Bugnon

Adaptation web: Julie Marty

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