Le 21 juillet 1969, le premier homme posait un pied sur la Lune. Depuis cet exploit, notre satellite a vu défiler douze hommes américains sur son sol. Puis, depuis 1972, plus aucun. Aujourd’hui, plus de 50 ans après, on ne parle à nouveau plus que de ça.
A ce jour, seuls cinq pays ont réussi à poser un appareil sur la Lune: les Etats-Unis, l’Union soviétique, la Chine, l’Inde et, tout récemment, le Japon. Les Américains sont les seuls à y avoir envoyé des humains.
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Objectif Mars
En réalité, si l’être humain veut retourner sur la Lune, c’est surtout pour pouvoir aller… sur Mars!
L’objectif de la NASA est de renvoyer des astronautes sur la Lune en 2026. Le programme Artemis, qui a débuté en 2022 et doit se dérouler en trois étapes, va notamment permettre d’établir une base, la Lunar Gateway, qui, à terme, servira de station-service pour une destination plus lointaine. On parle même de faire décoller des fusées depuis la Lune, ce qui serait un véritable avantage grâce à sa faible pesanteur.
Même si la récente mission Peregrine d’Astrobotic s’est soldée par un échec, l’entreprise aura une autre chance en novembre 2024, avec son alunisseur Griffin transportant l’astromobile VIPER de la NASA jusqu’au pôle Sud de la Lune.
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Les responsables de la NASA ont indiqué vouloir continuer à multiplier les tentatives pour accroître leurs chances de réussir. La prochaine sera celle d’Intuitive Machines, en février.
Compétition spatiale
Les nations spatiales se livrent une compétition technologique acharnée pour prendre rapidement position sur la Lune.
La Chine poursuit sa conquête lunaire, injectant des milliards dans son programme spatial depuis des décennies. En 2019, elle était la première nation à faire alunir un module sur la face cachée de l’astre.
Leur prochaine mission, Chang'e 6, doit rapporter deux kilos de roche prélevés sur la face cachée de la Lune, ce qui n’a jamais été fait auparavant. Elle emportera aussi quelques appareils scientifiques conçus par la France, l’Italie et la Suède.
Une autre mission japonaise est aussi prévue: Hakuto-R 2. Il s'agit d'un alunisseur avec un mini-rover à bord, qui espère ne pas finir comme son prédécesseur, qui s'est écrasé sur la surface en avril 2023. Entretemps, l'agence spatiale nipponne a réussi à amener à bon port le module SLIM en janvier.
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La Russie, elle, prie pour que Luna 26 ne connaisse pas le même destin que Luna 25, également crashé sur la Lune en août 2023. Cette fois, il s'agit d'une sonde qui doit cartographier les sites d'alunissage au Pôle Sud.
Dernièrement, des compagnies privées israéliennes et japonaises ont également tenté d’alunir, mais ces missions se sont conclues par des crashs.
Sciences ou ressources?
Acquérir de nouvelles connaissances scientifiques, mais aussi potentiellement exploiter les ressources lunaires: la course à Lune, qui était à l’origine portée par de grands Etats, s’est aujourd’hui largement privatisée avec des compagnies telles que SpaceX ou d’autres start-ups actives dans le domaine spatial. Ce qui pose de nombreuses questions d’ordre économique, écologique ou éthique.
Scientifiquement, on ne connaît que très peu la composition de la surface lunaire et encore moins sa structure interne. Ses ressources pourraient être importantes, notamment de l’Hélium 3, qui permettrait une avancée majeure en termes d’énergie nucléaire.
C’est une éventualité qui pose la question de l’exploitation de ces ressources. Il existe un traité de l’espace, ratifié en 1966, qui stipule que la Lune ne peut pas faire l’objet d’appropriation nationale. Mais en 2015, une loi américaine sous Barack Obama, le "Space Act", va à l’encontre de ce principe. Elle autorise les sociétés américaines à s’emparer des ressources de l’espace. Et les Américains ne sont aujourd’hui plus les seuls à avoir légiféré. Le Luxembourg et les Émirats arabes unis ont suivi le mouvement.
Question coût, il faut savoir qu’un seul lancement du SLS, le lanceur de la NASA pour Artemis, coûterait plus de 4 milliards, soit huit fois plus que ce que la NASA envisageait en 2012. Selon certaines estimations, le programme pourrait coûter quelque 93 milliards de dollars jusqu’en 2025. Etant donné qu'Artemis subit des retards, ce chiffre pourrait augmenter.
Impact environnemental
En termes de pollution, le coût des voyages spatiaux est très inégal. La majorité des fusées de la NASA carburent à l’hydrogène. La fumée blanche que l’on peut observer au décollage est donc de l’eau. La vapeur d’eau est un gaz à effet de serre, mais il s’agit ici de quantités limitées qui auraient un effet négligeable sur le réchauffement planétaire.
En revanche, on ne peut pas en dire autant des fusées Starship de l'entreprise SpaceX d’Elon Musk. Son premier étage Super Heavy est équipé de 33 moteurs très polluants. Ces fusées carburent à un mélange de méthane et d’oxygène liquide. Quand la combustion est libérée dans l’atmosphère, il forme du CO2.
Mais il faut garder à l’esprit que le décollage d’une fusée a moins d’effet sur le réchauffement climatique qu’un seul vol transatlantique à bord d’un gros porteur plein.
C’est ce que précise Richard Boudreault, professeur associé au Département de génie chimique de l’Ecole Polytechnique de Montréal: "Un vol en avion plein comprenant 300 personnes émet entre 1200 et 6000 tonnes d’équivalent CO2. Une fusée SpaceX qui décolle, environ 1000 tonnes", relève-t-il.
Alors, évidemment, la conquête spatiale à un impact environnemental considérable. Et pas qu’au décollage: il faut aussi penser aux essais ratés, aux déchets spatiaux ou encore aux matériaux de construction des fusées.
Nicolas Rossi/Sophie Badoux