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Un jeudi noir pour le thon rouge et l'ours blanc

Le thon rouge est largement victime de l'engouement mondial pour les sushis.
Le thon rouge est largement victime de l'engouement mondial pour les sushis.
La conférence de la CITES a refusé jeudi d'inscrire le thon rouge d'Atlantique Est sous sa protection et renvoyé son avenir à la gestion des pêcheurs, comme le souhaitait le Japon.

Par une large majorité (68 voix, contre 20), les Etats parties à
la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages
menacées (CITES) ont rejeté une proposition de Monaco qui lui
aurait permis de suspendre les exportations de cette espèce à haute
valeur commerciale, particulièrement prisée sur le marché
japonais.



La proposition européenne, qui prévoyait un délai avant la mise en
oeuvre de la mesure (inscription à l'Annexe I de la Convention), a
également été massivement rejetée (72 voix, contre 43). L'Union
européenne, comme Monaco, soutenue par les Etats-Unis et la
Norvège, souhaitait la création d'un groupe de travail pour étudier
d'éventuels amendements à leur proposition. Mais la Libye, soutenue
par le Soudan, a court-circuité les débats en exigeant de passer
immédiatement au vote.

"Je regrette un débat avorté et de n'avoir pu répondre à
certaines contre-vérités énoncées", a indiqué Patrick van Klaveren,
chef de la délégation de Monaco. "La majorité des pays a décidé de
faire confiance à l'ICCAT", la Commission internationale pour la
conservation des thonidés de l'Atlantique, qui réunit une
cinquantaine de pays pêcheurs. "Ils ont jugé qu'elle avait tous les
éléments pour résoudre le problème. Qu'elle le montre!", a-t-il
ajouté. "Sinon, ce n'est pas la CITES qui ruinera les
professionnels, mais la nature qui enverra une sanction sans
appel".

Le Japon satisfait

Le
représentant du Japon Masanori Miyahara a exprimé sa "satisfaction"
et, reprenant aussitôt sa double casquette de conseiller en chef
des pêcheries japonaises et représentant de son pays l'ICCAT, a
ajouté: "Mais nous avons aussi beaucoup de devoirs à faire".



Depuis son arrivée à Doha, Masanori Miyahara soulignait que la
CITES n'était pas le bon outil pour gérer les stocks de thon:
"Faisons notre boulot avec l'ICCAT, pas la CITES", a-t-il répété
jeudi, assurant qu'il serait sinon "presqu'impossible" par la suite
de lever l'interdiction du commerce.

Mais Patrick Van Klaveren a rappelé aux délégués qu'en 1992, une
proposition similaire de la Suède avait été retoquée et la gestion
des stocks de thon rouge confiée alors à l'ICCAT: "Le résultat est
que la capacité de reproduction du stock est passée de 200'000
tonnes à 60'000 en moins de 20 ans, que la taille des thons a été
divisée de moitié (...) et que la pêche illicite a été multipliée
par trois".



Le thon rouge, a-t-il insisté, "n'est pas pêché pour satisfaire
les besoins alimentaires des populations mais pour alimenter un
marché hautement spéculatif" - un seul beau spécimen avait atteint
120'000 euros cet automne à Tokyo.

Soutien des pays en développement

Consommateur de 80% des thons pêchés, le Japon a été accusé de
conduire un lobbying effréné, ralliant de nombreux pays en
développement (Tunisie, Indonésie, Venezuela, Chili, Corée, Maroc)
qui ont défendu jeudi le rôle prioritaire de l'ICCAT.



Grenade a déclaré craindre pour "sa sécurité alimentaire" et le
Sénégal, comme la Namibie, a redouté que d'autres espèces de thon
ne soient à leur tour inscrites à la CITES. "C'est très décevant et
très irresponsable", a commenté Sue Lieberman, directrice des
politiques internationales du PEW Environment Group, regrettant que
"l'avenir du thon rouge soit renvoyé dans les mains de
l'ICCAT".



Pour Carlos Drews, de l'ONG de défense de l'environnement WWF,
"c'est la défaite de cette espèce emblématique. D'autant que
l'ICCAT n'a pas montré sa performance dans le passé. On lui avait
fait confiance en 1992 et aujourd'hui on est au bord de
l'effondrement".



agences/ther

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Commerce d'ours polaire maintenu

La CITES a également refusé jeudi d'interdire le commerce international des ours polaires, rejetant une proposition soutenue par les Etats-Unis. Les Etats-Unis faisaient valoir que le commerce de ces plantigrades, chassés notamment pour leur peau, renforçait les menaces pesant sur l'espèce du fait du réchauffement climatique.

Selon certaines estimations, la population d'ours polaires aujourd'hui estimée entre 20'000 et 25'000 pourrait être réduite des deux tiers d'ici 2050 en raison de la fonte des glaces arctiques, son habitat.

Le Canada, la Norvège et le Groënland se sont opposés à la proposition américaine, estimant que la menace représentée par le commerce des ours était minime et que la chasse par les communautés autochtones était fondamentale pour leur économie.

Pour le Canada, seuls 2% seulement des ours sont concernés par le commerce international. Frank Pokiak, un dirigeant inuit du Canada, a rappelé que les populations autochtones de l'Arctique chassent les ours depuis des générations, pour leur viande et leur peau. «Nous avons toujours pris soin de la flore et de la faune, parce que nous avons beaucoup à perdre», a-t-il expliqué devant les délégués. «Sans les ours polaires et autres animaux, nous n'existerions pas aujourd'hui».