"En l'état actuel", Romande Energie renonce à investir dans
toute nouvelle centrale électrique à charbon, a déclaré lundi matin
à Morges (VD) son directeur général. Pierre-Alain Urech s'exprimait
peu après l'annonce officielle des deux entreprises électriques de
mettre un terme à leur implication dans le projet "énorme" de
Brunsbüttel, au nord de l'Allemagne.
"C'est un excellent projet", a affirmé le responsable, mais "il
a deux ans de retard" et ne répond plus "intégralement" aux
objectifs fixés. En juillet 2008, quand Romande Energie a signé une
souscription pour une tranche de 50 mégawatts (MW), il était
question de pouvoir acheter le courant à prix coûtant, a expliqué
le directeur général.
Critiques entendues
La situation a changé en Allemagne pour des raisons fiscales.
Les actionnaires de la société devraient désormais recevoir des
dividendes et le courant serait racheté au prix du marché. En
outre, la compensation des émissions de CO2 ainsi que la captation
du CO2 ne sont toujours pas réglées, a regretté Pierre-Alain
Urech.
Romande Energie a payé 2,5 millions d'euros (3,6 millions de
francs) pour cette participation qui sera maintenant revendue. Elle
avait bloqué entre 30 et 40 millions de francs pour la suite des
investissements alors que la somme totale, avec les banques,
avoisinait les 170 millions de francs.
Outre les difficultés de réalisation de la centrale, dont le
permis de construire devrait être délivré cet été, Romande Energie
n'a pas été "indifférente" aux critiques de certains clients par
rapport aux problèmes écologiques posés par les centrales à
charbon. "La Suisse fait à l'étranger ce qu'elle ne veut pas faire
chez elle, c'est un peu dérangeant", a reconnu Pierre-Alain
Urech.
Investissements futurs
Pour Groupe E, les sommes investies sont semblables et ses
arguments recoupent ceux de Romande Energie. La société
fribourgeoise insiste sur le fait qu'elle devrait trouver
"rapidement" preneur pour sa participation. Le mix énergétique
(nucléaire, gaz, hydraulique et nouvelles énergies renouvelables)
reste "la seule solution réaliste" par rapport aux possibilités
actuelles et aux besoins futurs en électricité, selon Groupe
E.
Dans les années qui viennent, les deux sociétés entendent investir
des centaines de millions de francs dans les nouvelles énergies
renouvelables, comme l'éolien, le solaire, la biomasse ou le
mini-hydraulique. Elles insistent sur l'importance des centrales à
gaz de Chavallon et Cornaux, qui dépendent de l'assouplissement des
conditions cadres en matière de compensation de CO2.
ats/ps
Le grison Repower maintient son engagement
Repower a indiqué lundi qu'il maintenait son intention de s'engager dans le projet de Brunsbüttel.
Selon Felix Vontobel, directeur général adjoint du groupe grison, le financement de la centrale n'est pas encore assuré.
Repower est entré comme partenaire majoritaire dans la société mandatée pour élaborer le projet.
Un contrat a été signé avec SüdWestStrom, une entreprise appartenant à une soixantaine de collectivités publiques allemandes.
Des investissements globaux de quelque 3 milliards d'euros sont envisagés. R
Repower ne veut cependant pas acquérir une participation majoritaire à la centrale proprement dite.
Les écologistes "très satisfaits"
La réaction des écologistes n'a pas tardé. Le WWF Suisse, qui avait prévu de manifester notamment mercredi à Lausanne contre ce projet, s'est dit "très satisfait.
Grâce à cette décision, "nous espérons pour voir accroître la pression sur les deux autres investisseurs suisses, Repower (ex-Rätia Energie) et SN Energie à Saint-Gall, a déclaré Pierrette Rey, porte-parole de l'organisation de défense de la nature.
Le WWF Suisse et l'Alliance allemande pour le climat (Klima- Allianz) mènent une action lundi à Coire pour protester contre les investissements suisses dans le projet de centrale thermique de Brunsbüttel, "très polluante".