Les allergies alimentaires concernent toute la famille. "Il faut lire toutes les étiquettes, les compositions changent régulièrement, il ne va pas être accepté à la cantine... Des études montrent qu'un enfant avec une allergie alimentaire rend la qualité de vie plus difficile pour la famille que s'il avait un diabète", explique la Dr Avigael Benhamou Senouf, allergologue pédiatre à Genève. Cela rend le quotidien très complexe, notamment pour les repas à la maison et à l'école.
Des études montrent qu'un enfant avec une allergie alimentaire rend la qualité de vie plus difficile pour la famille que s'il avait un diabète
Une tendance en hausse
Les allergies alimentaires sont en augmentation. "Il y avait une augmentation tout à fait manifeste des allergies respiratoires pendant la deuxième moitié du 20ᵉ siècle, et ce qu'on voit sur les 20 premières années du 21ᵉ siècle, c'est une augmentation des allergies alimentaires", précise le professeur Philippe Eigenmann, chef de l'unité d'allergologie pédiatrique des HUG.
Il y a une part de génétique, explique-t-il: "Si vous avez deux personnes allergiques dans la famille immédiate, vous avez à peu près 60% de risques que l'enfant développe une maladie allergique. Si c'est une seule personne, c'est à peu près 30-35%".
Mais le terrain génétique n’explique pas tout. L’évolution de nos modes de vie ces 30 dernières années a un impact direct sur notre système immunitaire, qui est au cœur de la réaction allergique: le développement de l’hygiène, les vaccins, les antibiotiques, la pollution et les aliments transformés, tout cela augmente le risque de développer des allergies.
Ce qu'on voit sur les 20 premières années du 21ᵉ siècle, c'est une augmentation des allergies alimentaires
La désensibilisation, un espoir pour les allergiques
En cas d’allergie, les parents peuvent choisir d’éviter l’aliment auquel l’enfant est allergique et de garder de l’adrénaline en cas d’urgence pour stopper l’emballement du système immunitaire. Mais traiter les symptômes n’est plus la seule solution. Il est aussi possible d’habituer tout doucement le corps à ce dont il est allergique. C’est ce qui s’appelle une induction de tolérance. Elle se fait à la fois en milieu médical et à la maison.
Le système immunitaire des jeunes enfants est plus malléable dans les premiers mois de vie
Mais entreprendre une désensibilisation est un travail de longue haleine. Il exige de l'assiduité et prend plusieurs années. "Si tout va bien, si on a de la chance, ça peut être une guérison. Mais c'est une guérison 'partielle', parce qu'en règle générale, il faut continuer à manger l'aliment pour garder cette guérison. C'est une procédure vraiment contraignante. On sait qu'il faut le donner pendant des années, sinon on revient au point de départ", ajoute le professeur Philippe Eigenmann.
La prévention dès le plus jeune âge
Introduire les aliments allergènes tôt peut prévenir les allergies. Une étude a montré que les enfants israéliens, exposés tôt à la cacahuète, développent moins d'allergies que les enfants anglais. "Le système immunitaire des jeunes enfants est plus malléable dans les premiers mois de vie", indique le professeur Philippe Eigenmann. Contrairement à ce qui se disait il y a encore quelques années, il faut donc introduire le plus tôt possible les enfants aux aliments allergènes les plus courants: arachides, lait, œuf, poisson...
Reportage TV: Raphaëlle Aellig
Adaptation web: Gaëlle Bisson