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Après son dégivrage, le télescope spatial Euclid a recouvré la vue

Après son dégivrage, le télescope spatial Euclid a recouvré la vue. [CC BY-SA 3.0 IGO - Work performed by ATG under contract for ESA]
Après son dégivrage, le télescope spatial Euclid a recouvré la vue / Le Journal horaire / 31 sec. / le 26 mars 2024
Le télescope spatial Euclid a subi avec succès son opération de dégivrage réalisée à 1,5 million de kilomètres de distance, a indiqué mardi l'Agence spatiale européenne (ESA). La vision de l'appareil VIS était troublée par une fine couche de glace; les résultats sont bien meilleurs que prévu.

C'est le dernier souci technique en date pour cette mission qui pourra durer de six à onze ans, lancée le 1er juillet 2023. Euclid est parti pour dresser une carte des étoiles et des galaxies couvrant le tiers du ciel observable. Grâce à elle, les scientifiques espèrent en apprendre plus sur la nature de l'énergie sombre et de la matière noire, deux entités encore jamais observées et censées constituer 95% de l'Univers.

>> Lire notre Grand Format sur cette mission : Euclid va défier la relativité générale d'Einstein

Mais dès novembre dernier, les équipes au sol ont remarqué que VIS, pour Visible Instrument, qui restitue des images en lumière visible, recevait moins de lumière qu'attendu. Une fine couche de glace d'une épaisseur de quelques nanomètres s'était accumulée sur l'optique de l'imageur, dont certains composants ont été développés en Suisse.

Réchauffer l'ensemble de la sonde – en la faisant passer de -140 degrés Celsius à -3 degrés – aurait pu provoquer une dilatation de certaines pièces, et aurait de surcroît imposé un recalibrage de tout le télescope d'au moins un mois. L'ESA a préféré réchauffer simplement le premier miroir de 34 degrés. Après une centaines de minutes, cela a suffi à restaurer la vision d'Euclid, selon un communiqué publié mardi.

>> L'impact de la première opération de dégivrage:

Ce graphique montre le pourcentage de lumière collectée par l'instrument VIS d'Euclid pendant le chauffage d'un miroir. Après environ 90 minutes, la température de sublimation de la glace a été atteinte, soit la température à laquelle la glace peut se transformer directement en vapeur d'eau dans le vide spatial. Dès ce moment, la libération du givre s'est faite rapidement et la couche a été essentiellement éliminée après 19 minutes, lorsque le miroir a atteint une température de -117 °C. Cette procédure simple et ciblée pourra être répétée tous les six à douze mois si besoin. [ESA - Euclid/Euclid Consortium]
Ce graphique montre le pourcentage de lumière collectée par l'instrument VIS d'Euclid pendant le chauffage d'un miroir. Après environ 90 minutes, la température de sublimation de la glace a été atteinte, soit la température à laquelle la glace peut se transformer directement en vapeur d'eau dans le vide spatial. Dès ce moment, la libération du givre s'est faite rapidement et la couche a été essentiellement éliminée après 19 minutes, lorsque le miroir a atteint une température de -117 °C. Cette procédure simple et ciblée pourra être répétée tous les six à douze mois si besoin. [ESA - Euclid/Euclid Consortium]

"Notre suspect primaire, le miroir le plus froid derrière l'optique principale du télescope, a été chauffé de -147°C à -113°C. Il n'a pas eu besoin de devenir très chaud car, dans le vide, cette température suffit à évaporer rapidement toute la glace. Cela a fonctionné comme un charme!", se réjouit Mischa Schirmer, scientifique chargé de l'étalonnage pour le Consortium Euclid et l'un des principaux concepteurs du plan de dégivrage. "Presque immédiatement, nous avons reçu 15% de lumière en plus en provenance de l'Univers. J'étais certain que nous verrions une amélioration considérable, mais pas d'une manière aussi spectaculaire".

>> Ecouter les explications du prof. Stéphane Paltani (UNIGE) à propos de l'opération de dégivrage :

Le cosmologiste Stéphane Paltani, professeur à l'Université de Genève et collaborateur à la conception du satellite Euclid, délégué de la Suisse au Comité du programme scientifique de l'ESA. [RTS]RTS
Les explications complètes de Stéphane Paltani / Le Journal horaire / 6 min. / le 18 mars 2024

Quelques déboires

Euclid a connu son lot de déboires depuis son lancement: il a subi l'influence de rayons cosmiques qui ont perturbé le système de guidage du vaisseau spatial et imposé une mise à jour compliquée de son système informatique.

Une lumière solaire parasite a aussi interféré avec ses observations. Ce problème a été réglé avec une petite rotation du télescope, qui a officiellement démarré ses observations scientifiques en février, après avoir livré en novembre de premières images époustouflantes de galaxies situées dans les profondeurs du cosmos (voir archives en bas de page).

sjaq et l'ats

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Une mission à forte participation de la Suisse

Le supertélescope européen Euclid s'est envolé le 1er juillet dernier depuis le Kennedy Space Center de Cap Canaveral. Plusieurs institutions suisses y sont partie prenante: l'Université de Genève (UNIGE), l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), l'Université de Zurich (UZH), la division des Affaires spatiales de la Confédération, ainsi que, à une moindre échelle, la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW).

>> Réécouter le reportage sur le décollage d'Euclid depuis la Floride diffusé dans CQFD :

Le Falcon 9 de SpaceX, qui emporte dans sa coiffe le satellite Euclid de l'Agence spatiale européenne, quelques secondes avant son décollage. Cap Canaveral, Floride, le 1er juillet 2023. [Anadolu Agency via AFP - Paul Hennessy]Anadolu Agency via AFP - Paul Hennessy
Reportage sur le décollage du satellite Euclid qui va explorer les mystères de l'Univers / CQFD / 10 min. / le 7 juillet 2023

L'UNIGE a notamment développé des algorithmes permettant de mesurer la distance des galaxies; l'EPFL se penchera sur l'effet de lentille gravitationnelle produit par certaines d'entre elles, voire par des amas de galaxies. L'UZH a quant à elle créé des simulations reproduisant la distribution des galaxies.