"Cela nous montre que ce n'est pas une faculté simplement humaine", se réjouit la coautrice de l'enquête Lilla Magyari, chercheuse à l'université Loránd-Eötvös en Hongrie.
La question de savoir si les chiens comprennent les mots ou une situation, tels que le ton employé ou un contexte particulier, a longtemps été en suspens et la science n'a pas été en mesure d'apporter de réponses claires.
Par le passé, plusieurs tests en laboratoire ont démontré que ces animaux, à quelques exceptions près, ne sont pas capables de ramener des objets seulement après avoir entendu leurs noms.
Pour de nombreuses personnes expertes dans le domaine, ce n'est alors pas vraiment ce que nous leur disons mais la manière et le moment où nous le faisons qui les stimulent. Par exemple, demander d'aller "chercher le bâton" et voir son chien revenir avec le bout de bois ne prouve pas que le canidé connaisse la signification du mot "bâton".
Une preuve par l'imagerie cérébrale
Pour cette nouvelle étude, Lilla Magyari et ses collègues ont utilisé une technique d'imagerie cérébrale non invasive sur dix-huit animaux. A l'aide d'électrodes posées sur leurs crânes, les scientifiques ont enregistré leur activité cérébrale. Les maîtres et maîtresses donnaient alors les mots correspondant à des jouets connus des animaux pour ensuite leur montrer soit l'objet correspondant soit un objet différent.
Après analyse, l'équipe de recherche a découvert des schémas différents dans le cerveau lorsque le ou la propriétaire montrait l'objet correspondant ou non.
Ce type d'expérience, utilisée depuis des décennies sur des êtres humains est considéré comme une preuve de compréhension du sens et a également l'avantage de ne pas demander à un chien de rapporter l'objet pour prouver ses connaissances.
"Nous avons trouvé ce résultat chez quatorze chiens", note la coautrice de l'étude Marianna Boros. Ce qui montre que ce résultat n'est pas seulement le fait de "quelques chiens exceptionnels". Même les quatre qui ont "échoué" ont peut-être simplement été testés sur les mauvais mots, ajoute-t-elle.
L'aptitude des chiennes et des chiens à rapporter un jouet spécifique après en avoir entendu le nom était auparavant considéré comme un don, explique Holly Root-Gutteridge, spécialiste du comportement de ces animaux à l'université de Lincoln, en Angleterre.
Par exemple, les célèbres borders collies Chaser – qui a été le sujet d'une étude scientifique – et Rico pouvaient retrouver des jouets dans une large pile juste en entendant leurs noms.
Pour la chercheuse, la nouvelle étude "montre que nombreux chiens apprennent le nom des objets en termes de réponse cérébrale même s'ils ne le montrent pas dans leurs comportements".
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Quid de la compréhension sémantique?
Clive Wynne, un comportementaliste canin à l'Université d'Etat de l'Arizona se dit lui "partagé" sur ces résultats: "L'article ne tient pas la route quand il essaie de démontrer ce qu'il appelle 'la compréhension sémantique'," estime-t-il, tout en louant un dispositif expérimental "ingénieux" qui permet de tester l'ensemble du "vocabulaire fonctionnel" des chiens.
Par exemple, Clive Wynne raconte qu'il doit épeler le mot "promenade", plutôt que de le prononcer, de peur que son chien s'imagine aller dehors. Il n'a pas besoin, dit-il, de prendre de telles précautions avec des humains dont la compréhension du mot va au-delà de la simple association.
"Pavlov serait-il surpris de ces résultats?", demande le chercheur, en référence au célèbre scientifique russe qui avait démontré que les chiens pouvaient être conditionnés à saliver chaque fois qu'ils entendaient le son d'une cloche indiquant le repas. "Je ne pense pas qu'il le serait", répond-il.
>> Le projet sur une page de l'Institut Max Planck: Finding Rico
sjaq et l'afp