Jamais auparavant une structure humaine aussi ancienne n'avait été découverte dans la mer Baltique, affirme l'équipe de recherche. Le mur a été construit alors que la région n'était pas encore inondée, dans le but de piéger les rennes, selon l'étude parue dans la revue PNAS.
Des structures de l'Âge de pierre peuvent fournir des informations uniques sur les cultures de la fin du glaciaire et du mésolithique autour de la mer Baltique. Malheureusement, ce type de constructions n'a généralement pas survécu dans le sous-continent densément peuplé de l'Europe centrale.
"On suppose qu'à cette époque, l'Europe du Nord ne comptait pas plus de 5000 personnes", explique Marcel Bradtmöller, de l'Université de Rostock, en Allemagne. Les rennes constituaient leur régime alimentaire de base: "Les animaux se déplaçaient en troupeaux dans le paysage pauvre en végétation de l'ère postglaciaire. Le mur servait probablement à coincer les rennes au bord d'un lac afin que chasseuses et chasseurs de l'Âge de pierre puissent les tuer à l'aide d'armes de chasse.
Des preuves de cette technique ont déjà été trouvées ailleurs dans le monde", ajoute le chercheur. Des archéologues ont découvert dans le lac Huron, dans le Michigan, aux Etats-Unis, à trente mètres de profondeur, des murs de pierre dont il est prouvé qu'ils ont été construits pour la chasse au caribou, l'équivalent nord-américain du renne. Les constructions du lac Huron et de la baie de Mecklembourg présentent de grandes similitudes.
La structure, constituée de pierres régulièrement juxtaposées, a été trouvée à une profondeur de vingt-et-un mètres. Au total, un peu plus de 1600 pierres ont été trouvées, la plupart d'entre elles n'étant pas plus petites que des balles de tennis ou plus grandes que des ballons de football. Le mur mesure deux mètres de large et un mètre de haut. Ce rempart est parallèle à une dépression, probablement un ancien lac ou un marais.
Une préservation intacte
Il est peu probable que l'œuvre ait été créée par des causes naturelles, telles qu'un tsunami, le recul d'un glacier ou des courants sous-marins: "Les pierres sont disposées de manière trop planifiée et régulière pour cela", remarque Jacob Geersen, premier auteur de l'étude. D'autres interventions humaines ne sont pas non plus crédibles.
La région de Rerik n'a été inondée qu'à la fin de la dernière période glaciaire, il y a plus de 8500 ans. Depuis cette époque, ce mur "est resté caché au fond de la mer, ce qui a conduit à une préservation intacte qui inspirera des recherches sur le mode de vie et le développement territorial dans toute la région", se réjouissent les scientifiques.
Le site représente l'une des structures de chasse les plus anciennes documentées sur Terre, et compte parmi les plus grandes structures de l'Âge de pierre connues en Europe.
sjaq et l'ats