Valeriana... cette cité perdue, baptisée du nom d'une lagune voisine, abritait probablement 30'000 à 50'000 personnes vers 750-850 de notre ère. L'étude, publiée cette semaine dans la revue Antiquity, suggère qu'elle pourrait avoir été aussi densément peuplée que la métropole préhispanique mieux connue de Calakmul, dans la partie sud de la péninsule du Yucatan.
Une grande partie de l'espace apparemment vide et recouvert de jungle entre les sites mayas connus pourrait donc avoir été très peuplée. Il n'existe pour l'heure aucune photo de la cité, car "personne n'y est jamais allé", selon l'équipe qui a repéré le site. Et pourtant, il se trouve "à seulement quinze minutes de marche d'une grande route non loin de Xpujil, où habitent aujourd'hui la plupart des populations maya", explique à la BBC Marcello Canuto, professeur à l'université de Tulane, en Louisiane, co-auteur de l'étude.
"Des recherches antérieures ont montré qu'une grande partie de l'État actuel de Campeche est un paysage qui a été transformé par son ancienne population", a déclaré Adriana Velázquez Morlet, de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire du Mexique, coautrice du rapport: "Cette étude montre qu'une région peu connue était un paysage urbanisé".
Plus de 6000 structures détectées
L'Institut national mexicain a indiqué mercredi qu'environ 6764 structures ont été détectées dans les images LiDAR (pour Light Detection and Ranging) couvrant une zone d'environ 122 kilomètres carrés. Cette technique permet de cartographier les paysages à l'aide de milliers d'impulsions laser envoyées depuis un avion, ce qui permet de détecter des variations topographiques qui ne sont pas évidentes à l'œil nu.
Ces images ont révélé des structures qui comprennent ce qui sont vraisemblablement des plates-formes de temple, des terrains de jeu de balle cérémoniels, des plates-formes d'habitation, des terrasses agricoles et même ce qui semble être un barrage. Selon l'Institut, les structures pourraient dater d'entre 250 et 900 après Jésus-Christ, mais la colonisation pourrait avoir commencé cent ans plus tôt.
Réexaminer d'anciennes données
Un consortium de recherche a fait cette découverte en utilisant un logiciel pour réexaminer une étude LiDAR réalisée en 2013 pour mesurer la déforestation. En réexaminant les données, Luke Auld-Thomas, alors étudiant de troisième cycle à l'université de Tulane, a remarqué d'étranges formations dans l'étude de la jungle.
Le conseiller de Luke Auld-Thomas, Marcello Canuto, a déclaré que les nombreuses données qu'ils ont recueillies "nous permettront de mieux raconter l'histoire de l'ancien peuple maya", en associant ce que les scientifiques connaissent déjà – l'histoire politique et religieuse – à de nouveaux détails sur la façon dont les anciennes civilisations étaient gérées.
"Nous avons toujours pu parler des anciens Mayas, en particulier dans les régions de plaine, grâce à leurs textes hiéroglyphiques, parce qu'ils nous ont laissé des archives très intéressantes", a-t-il expliqué. "Ce que nous pouvons maintenant réaliser, c'est faire correspondre ces informations avec leur implantation et leur population, ainsi qu'avec ce pour quoi ils se battaient, ce sur quoi ils régnaient et ce qu'ils échangeaient".
Des études de terrain nécessaires
Susan D. Gillespie, professeur d'anthropologie à l'université de Floride, qui n'a pas participé à l'étude, a déclaré que si le LiDAR est un outil précieux, certaines caractéristiques devraient être confirmées par des recherches sur le terrain: "Les petits amas rocheux naturels – chich dans le langage local – ont probablement été interprétés à tort par l'équipe comme des monticules de maisons, étant de la même taille et de la même forme. Par conséquent, les scientifiques savent que leurs dénombrements d'éléments sont préliminaires", écrit-elle.
"La dernière mise en garde, qu'il faut toujours garder à l'esprit, concerne la contemporanéité de l'utilisation des éléments cartographiés", ajoute l'anthropologue: "Le LiDAR cartographie ce qui se trouve à la surface, mais pas le moment où cela a été utilisé. Ainsi, une grande région peut être dense en structures, mais l'importance d'une occupation à un moment donné ne peut pas être connue avec les seules données des relevés aériens".
Stéphanie Jaquet et ap