Des traces d'occupation humaine vieilles de 450'000 ans découvertes dans une grotte en Iran
En 2018, l'équipe du Projet paléoanthropologique franco-iranien de l'Université Tarbiat Modares à Téhéran a investigué la grotte de Qaleh Kurd, dans le nord de l'Iran. Située à 2137 mètres d'altitude, la grotte avait fait l'objet de fouilles illégales plusieurs dizaines d'années auparavant, qui avaient mis au jour des outils en pierre taillée, laissés en surface près de l'entrée de la cavité.
Les nouvelles fouilles ont livré "des dizaines de milliers d'objets", décrit Gilles Berillon, chercheur du CNRS au Musée de l'Homme et co-auteur de l'étude, parmi lesquels une multitude d'ossements de chevaux et d'hydrontins (l'âne sauvage européen) portant des traces de boucherie et d'outils en pierre taillée ayant servi à la préparation de ces aliments.
Ce matériel très riche a pu être situé dans le temps puisqu'il est resté bien en place sur plusieurs niveaux: le plus profond remonte à 452'000 ans, le plus récent à 165'000 ans. Une dent de lait humaine, impossible à dater directement mais trouvée dans une couche dont l'âge s'étend entre -165'000 et -175'000 ans, soit la dent la plus ancienne jamais identifiée dans la région, a également été trouvée.
Cette découverte repousse de près de 300'000 ans les premières preuves datées de peuplement de la région, selon une étude publiée fin mai dans Journal of Paleolithic Archaeology.
Lieu de passage
Selon Gilles Berillon, "il faut imaginer des groupes humains qui s'installaient dans la grotte, pour y vivre, manger, sans l'occuper de manière continue". Car à plus de 2000 mètres d'altitude, à cette époque géologique du Pléistocène moyen marquée par des périodes glaciaires, le site n'était certainement pas accessible toute l'année.
Quant à savoir si ses habitants étaient des Néandertaliens, des Dénisoviens d'Asie ou des espèces plus anciennes encore, faute de vestiges humains, il n'est pas possible de le déterminer.
"On se trouve dans une fourchette de temps qui couvre 300'000 ans d'histoire de l'évolution humaine, à une période de grande diversité culturelle où potentiellement toutes ces espèces ont pu exister, se succéder, voire pour certaines coexister", y compris la nôtre, Homo sapiens, analyse le chercheur.
afp/edel