En Suisse, le cancer gagne du terrain, mais la médecine trouve des thérapies novatrices
Il y a encore quatre ans, Jean-Jacques Loup se pensait condamné après avoir été diagnostiqué d'un cancer généralisé à un stade avancé. Sur une image qu'il regarde encore, on distingue bien des petites taches noires - les métastases - qui ont envahi son corps.
Comme lui, en Suisse, un homme sur deux et une femme sur trois sont touchés par la maladie au cours de leur vie, selon le troisième rapport de l'OFS en la matière. On meurt certes de moins en moins du cancer, mais le nombre de cas continue d'augmenter. Ce qui s'explique par le vieillissement de la population et une détection plus précoce.
Doublement des cancers d'ici à 2040
Le nombre de cancers va quasiment doubler d'ici à 2040, estime le directeur du département d'oncologie du CHUV George Coukos, qui s'exprimait dans Le Matin Dimanche à l'occasion de la journée internationale de lutte contre le cancer, le 4 février.
En plus de l'âge, les médicaments rentrent également en jeu, ajoute le spécialiste. Ils sont certes efficaces, mais ne garantissent pas toujours une guérison définitive, explique-t-il.
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Un miracle
Pour Jean-Jacques Loup, après un premier traitement, la chimiothérapie, c'est niet! Cet ancien champion de motocross tout terrain n'a jamais craint de prendre des risques. Il accepte alors une thérapie encore expérimentale. A l'époque, le Vaudois se dit: "Je vais faire quelque chose qui va aider à la fois les chercheurs et les médecins, mais aussi les malades."
Pour être sincère, ça me gêne de parler de miracle
Quatre injections plus tard, et après un énième PET-scan, son médecin lui annonce des résultats "miraculeux". Les métastases ont disparu. "Pour être sincère, ça me gêne de parler de miracle", avoue le septuagénaire dans le 19h30, car pour lui, ce sont les progrès de la médecine qui sont le vrai miracle.
Thérapie novatrice
Aujourd'hui, cette thérapie (PSMA), qui fonctionne avec des substances radioactives injectées à de très faibles doses injectées, n'est plus expérimentale. Le CHUV est le seul hôpital en Suisse romande qui la propose à des patients souffrant du cancer de la prostate.
L'avantage de ce traitement novateur, c'est l'absence "des effets classiques de la chimiothérapie", comme la perte de cheveux ou les nausées, explique Niklaus Schaefer, professeur au Service de médecine nucléaire et imagerie moléculaire du CHUV. Les patients peuvent donc continuer de vivre de manière à peu près normale.
Cette thérapie a bénéficié aujourd'hui à quelque 200 patients romands. A l'avenir, elle pourrait aussi être adaptée pour d'autres types de cancer, comme celui du sein, du côlon ou du pancréas, pour lequel l'arsenal thérapeutique est particulièrement pauvre.
Sujet TV : Delphine Misteli
Adaptation web: Doreen Enssle