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Grâce à l'électricité, les papillons peuvent aussi être des pollinisateurs "sans contact"

Longtemps ignorés, les papillons seraient aussi des pollinisateurs "sans contact". [NurPhoto via AFP]
Longtemps ignorés, les papillons seraient aussi des pollinisateurs "sans contact" / La Matinale / 31 sec. / mercredi à 06:27
Les papillons ne se contentent pas de convoiter le nectar des fleurs: ils peuvent aussi contribuer à leur pollinisation grâce à une charge d'électricité statique qu'ils emmagasinent en volant. La pollinisation se fait alors sans contact.

Les lépidoptères, c'est-à-dire les papillons de jour et de nuit, font partie des insectes pollinisateurs qui contribuent à la reproduction des plantes. Selon une étude parue mercredi dans la revue Interface de la Royal Society britannique, ce rôle a été minimisé par le passé, les papillons étant vus avant tout comme un "parasite" simplement assoiffé de nectar.

D'après son premier auteur Sam England, biologiste à l'institut allemand Leibniz de science de l'évolution et de la biodiversité, cette étude est la première à mesurer leur capacité de pollinisation grâce à l'électricité statique.

Encore jamais quantifié

"C'est quelque chose qui n'a pas été exploré en détail en termes d'écologie", constate-t-il. L'idée est qu'en volant, le corps de l'insecte accumule une charge électrique positive, produite par le frottement des ailes avec l'air. Or "une bonne proportion du pollen de fleurs est chargé négativement", poursuit le biologiste.

Des charges opposées s'attirant, ce pollen serait dirigé naturellement vers l'abdomen de l'insecte pollinisateur. Il prendrait alors une charge positive pendant son transport jusqu'à une autre fleur, où il serait naturellement attiré par le champ électrique négatif de cette fleur. Ce phénomène avait été démontré pour les abeilles, mais "personne ne l'avait quantifié pour les papillons", affirme-t-il.

Une capacité qui varie selon les espèces

Les principaux pollinisateurs, comme le bourdon ou l'abeille, ont longtemps été réputés collecter le pollen et le libérer par contact avec les organes reproducteurs des fleurs. C'est seulement à partir des années 1980 que les biologistes ont supposé que des forces électrostatiques pouvaient aussi jouer un rôle dans ce processus indispensable à la reproduction sexuée des plantes à fleurs.

Pour son étude, Sam England a mesuré la charge électrique nette de onze espèces de papillons, natifs de cinq continents. Ses résultats montrent qu'en moyenne, la charge électrique de l'insecte fournit une force électrostatique suffisante pour soulever une centaine de grains de pollens sur 6 millimètres de hauteur en moins d'une seconde, jusqu'à l'abdomen du papillon. La capacité de charge des papillons varie entre espèces étudiées.

ats/jop

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