En 2018, Donald Trump a placé Huawei sur la liste noire américaine, restreignant son accès à certains composants clés. Son successeur Joe Biden a renforcé ces restrictions, interdisant à Huawei et à d’autres entreprises chinoises l’accès aux puces et semi-conducteurs de pointe d’Intel, Qualcomm et de nombreux fournisseurs spécialisés internationaux.
Ces composants, essentiels au développement de l’intelligence artificielle, permettent de traiter de grandes quantités de données rapidement et efficacement.
Ces attaques contre Huawei ont fait très mal. L’entreprise a dû vendre sa principale marque de smartphones et de nombreux pays occidentaux l’ont exclue de leurs infrastructures 5G. En 2022, ses bénéfices ont chuté de 70%, marquant une année noire. "Huawei est entre la vie et la mort. Nous n’avons un avenir que si nous survivons ces prochains mois", déclarait le patron du groupe dans une note interne.
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Aujourd'hui, la marque affiche fièrement sa résilience
Malgré les difficultés, Huawei n’a pas seulement survécu, elle renaît de ses cendres. Ses bénéfices ont bondi de près de 600% au premier trimestre et ses revenus pour les six premiers mois de l’année atteignent 50 milliards de francs. L’entreprise a repris la vente de smartphones en Chine et sa production d’équipements de télécommunication est à nouveau en hausse.
Pour consolider ses revenus et assurer sa survie, Huawei a diversifié ses activités, se lançant dans les secteurs du renouvelable, du cloud (stockage de données) et même des véhicules électriques. Surtout, elle a remplacé progressivement plusieurs composants étrangers par des produits locaux, renforçant ainsi sa résilience. Aujourd’hui, Huawei est beaucoup moins vulnérable aux potentielles attaques de Washington.
L’agilité de Huawei face aux sanctions américaines
Cependant, Huawei n’a pas réussi à complètement s’affranchir des technologies occidentales, dont l'avance reste considérable, notamment dans le secteur des puces et des semi-conducteurs. Huawei bénéficie encore de larges stocks de puces constitués avant les sanctions de Washington.
Bien qu’elle ait développé ses propres puces, celles-ci sont plus grandes, moins rapides et coûteuses à produire, ce qui les rend moins compétitives. Néanmoins, le fait que Huawei ait réussi à contourner les sanctions en si peu de temps est surprenant.
Washington est un catalyseur inattendu pour Huawei
Le rêve de Huawei et du Parti communiste chinois est que l’entreprise rattrape son retard en s’affranchissant entièrement de ses rivaux occidentaux et en atteignant l’autosuffisance. Pour Huawei, c’est un objectif commercial; pour Pékin, une ambition politico-idéologique. Les deux se rejoignent dans cet objectif commun, exacerbé par les sanctions américaines.
Les autorités chinoises voient dans la réaction de Huawei un modèle d’innovation et de coopération industrielle domestique. Grâce à ses investissements et à son combat pour la survie, Huawei a fait preuve d’une agilité remarquable, surpassant même certaines entreprises d’Etat pourtant abreuvées de subventions. L'offensive de Washington a dynamisé Huawei au lieu de l’étouffer.
Cependant, face au retard accumulé, l’avenir du groupe et du secteur chinois de la technologie restent incertain. Toujours est-il que si Huawei préoccupait les Etats-Unis en 2016, sa résilience et sa vivacité en font aujourd’hui une réelle source d’inquiétude.
Sujet radio: Michael Peuker
Texte web: Miroslav Mares