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L'effet de la musique comme antidouleur démontré par plusieurs études

Un homme joue du violon dans un hôpital américain. [Keystone/AP Photo/Missoulian - Michael Gallacher]
Selon une étude, écouter de la musique permet d’atténuer la douleur après une opération / La Matinale / 5 min. / jeudi à 07:25
Plusieurs études ont démontré que la musique pouvait réduire la douleur. La dernière en date montre qu'elle peut ainsi être utile après une opération notamment et qu'elle permet de diminuer la consommation de morphine.

L'effet de la musique sur notre cerveau et notre corps a été démontré par plusieurs études. Celle publiée cette semaine aux Etats-Unis est une méta-analyse qui se base sur 35 études qui ont notamment testé l'effet de la musique après des interventions chirurgicales.

Selon les résultats, les quelques notes écoutées par les patients ont permis à la douleur postopératoire de baisser de 20%, à l'anxiété d'être moins marquée et au rythme cardiaque d'être plus calme — des éléments essentiels pour la récupération. Aussi, le premier jour après l’intervention, les personnes qui écoutaient de la musique ont consommé deux fois moins de morphine que celles qui n’en écoutaient pas.

"Circuit de la récompense"

Cet impact de la musique sur le corps s'explique d'abord par ce qu'elle provoque dans le cerveau.

Nicolas Silvestrini, chargé de cours à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève, explique dans la Matinale jeudi que "la musique active un circuit associé à la récompense et au plaisir en général" et peut ainsi "induire une bonne humeur".

C'est une façon peu coûteuse et douce de soulager la douleur. Donc il n'y a pas de raison de s'en priver, en tout cas de le proposer et de sensibiliser les patients

Nicolas Silvestrini, chargé de cours à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève

Cet auteur d’une étude sur l’impact de la musique sur la douleur ajoute qu'elle peut aussi sécréter des endorphines, à l'image du sport, compare-t-il. "Ce sont des opioïdes endogènes" utilisés "pour traiter la douleur", comme le fait "la morphine" par exemple. C'est en quelque sorte un antidouleur naturel.

Quelques utilisations en médecine en Suisse

En Suisse, la musique est déjà un peu utilisée pour des accouchements, certaines interventions sous anesthésie locale ou pour des examens pénibles ou stressants comme les IRM. Elle est parfois suggérée aux patients, mais elle ne fait pas partie d'un protocole médical établi.

La musicothérapie est aussi proposée dans certains services hospitaliers.

Gagner en autonomie

Antonio Esperti, musicothérapeute et chercheur en neurostimulation sonore au CHUV, l'utilise pour accompagner ses patients "pendant les phases de transition ou de crise". Elle leur permet d'"être plus acteur" de leur crise ou de mieux "la maîtriser" pour "la gérer avec plus d'autonomie", explique-t-il.

La musique que l'on connaît nous permet de l'anticiper et nous donne une sensation de pouvoir anticiper la fin du couplet ou du refrain. Ça nous permet de mieux gérer nos émotions

Antonio Esperti, musicothérapeute et chercheur en neurostimulation sonore au CHUV

La musique serait un outil intéressant à diffuser plus largement, estime Nicolas Silvestrini. "C'est une façon peu coûteuse et douce de soulager la douleur. Donc il n'y a pas de raison de s'en priver, en tout cas de le proposer et de sensibiliser les patients", justifie-t-il.

Qu'importe la musique, tant qu'on la reconnaît

Bach, Louis Armstrong, ... Toutes les musiques pourraient faire effet, davantage encore lorsqu'elle touche le patient et qu'il la reconnaît, selon Antonio Esperti. "La musique que l'on connaît nous permet de l'anticiper, ce qui nous rassure (...) et nous donne une sensation de pouvoir anticiper la fin du couplet ou du refrain. Ça nous permet de mieux gérer nos émotions."

Si pour l'instant les études ne sont pas claires sur le style et la durée de la musique qui favoriseraient la guérison, elles exploreront ces questions dans les prochaines étapes que sont des recherches cliniques à plus large échelle. En attendant, les scientifiques suggèrent de choisir un morceau qui plaît au patient pour aider à surmonter la douleur.

Alexandra Richard / juma

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