Avec l'arrivée de Donald Trump et d'Elon Musk et leur ambition de marquer l'histoire, le secteur spatial s'attend à "des montagnes russes", résume George Nield, président d'une entreprise promouvant les activités spatiales privées. "Les gens attachent leur ceinture et espèrent le meilleur".
L'intérêt du futur président américain Donald Trump pour l'espace n'est pas nouveau: durant son premier mandat, il avait créé un commandement militaire de l'espace et redonné vie à un organe consultatif dirigé par le vice-président, le conseil national de l'espace.
La Lune sacrifiée sur l'autel de Mars?
C'est sous son premier mandat qu'avait été annoncé le programme Artémis, visant à ramener des Américains sur la Lune pour préparer des missions martiennes. Il a entre temps pris passablement de retard. L'équipage d'Artémis 2, qui doit aller faire le tour de la Lune pour la première fois depuis Apollo – mais pour l'instant sans s'y poser – doit décoller en septembre 2025.
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Mais attention: déjà à l'époque, le républicain s'était montré sceptique sur l'utilité de repasser par la Lune avant Mars. Selon George Nield, le programme Artémis pourrait ainsi soit être accéléré, soit annulé. "Ils pourraient tourner la page et dire: oublions la Lune, nous y sommes déjà allés. Concentrons-nous sur Mars". Une telle décision représenterait un séisme pour ce programme à plus de 90 milliards de dollars.
Durant sa dernière campagne, Donald Trump a promis: "Nous voulons atteindre Mars avant la fin de mon mandat". Un objectif réalisable selon l'optimiste Elon Musk, qui a la planète rouge pour obsession, alors que de nombreux spécialistes pensent au contraire qu'une échéance réaliste pour que l'Homme y pose le pied est bien plus lointaine.
Ce recentrage martien pourrait toutefois être tempéré par le risque de voir la Chine s'installer seule sur le pôle Sud lunaire, également cible des missions Artémis.
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Le lanceur SLS mise au rebut en faveur de Starship?
La question du véhicule qui sera utilisé lors de ces missions est aussi sur toutes les lèvres. La nouvelle fusée SLS de la NASA, actuellement prévue pour tenir ce rôle, est méprisée par Elon Musk, car elle n'est pas réutilisable et donc très coûteuse, contrairement au lanceur lourd Starship développé par son entreprise SpaceX.
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Le soir de la présidentielle, Donald Trump s'est lui extasié sur les prouesses de Starship dans son discours de victoire. Cette fusée privée pourrait-elle aller jusqu'à remplacer le lanceur de la NASA? Une hypothèse qui pose la question des conflits d'intérêts entraînés par la nouvelle influence d'Elon Musk, qui a dépensé des dizaines de millions de dollars pour la campagne du républicain.
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Conflit d'intérêts
Elon Musk s'est régulièrement plaint des lenteurs du régulateur du milieu aérien (la FAA) pour autoriser les décollages de Starship, notamment à cause de normes environnementales, qu'il pourrait être tenté de faire réformer.
Son entreprise bénéficie de gros contrats avec la NASA, dont elle achemine les astronautes vers la station spatiale internationale (ISS) depuis 2020, et avec le Pentagone, dont elle lance les satellites. Des contrats ont aussi été conclus avec son service Starlink, qui fournit Internet depuis l'espace.
Selon Donald Trump, Elon Musk "fournira des conseils et des orientations depuis l'extérieur du gouvernement". Cette formulation floue est destinée à "brouiller les lignes" pour contourner "les règles relatives aux conflits d'intérêts", critique la professeure de droit Kathleen Clark. Elle s'inquiète qu'il soit permis à Elon Musk d'"interférer avec l'attribution de contrats ou l'application de réglementations".
La NASA au régime sec?
La commission d'Elon Musk pourrait aussi recommander de réduire le nombre de centres de la NASA. Il en existe actuellement dix à travers le pays. C'est "probablement une bonne idée", selon George Nield, mais qui a "rencontré des résistances" par le passé, les sénateurs craignant la perte des emplois associés dans leurs Etats.
ats/vic
Bataille politique possible
Si l'espace a longtemps été neutre politiquement, l'implication d'Elon Musk pourrait provoquer des levées de boucliers démocrates. Qu'en sera-t-il, par exemple, des missions de la NASA étudiant le changement climatique?
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Une première indication des orientations est attendue avec la nomination du nouveau chef de la NASA. Aucun nom n'a filtré pour le moment. Lors du premier mandat Trump, le travail à ce poste de Jim Bridenstine, ancien élu républicain, avait été jugé efficace.