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L'électricité nucléaire génère peu de CO2, mais a un gros impact sur lʹenvironnement 

La centrale nucléaire Beznau I le 15 septembre 2022. [Keystone - Michael Buholzer]
Electricité nucléaire: peu de CO2 mais gros impact sur lʹenvironnement / On en parle / 10 min. / lundi à 08:35
L'impact environnemental de l'électricité nucléaire varie selon les critères utilisés. Si l'on considère uniquement les émissions de gaz à effet de serre, elle apparaît comme peu polluante. Cependant, des critères environnementaux plus larges montrent une image moins flatteuse. 

L'énergie nucléaire, décriée depuis toujours par les mouvements écologistes, trouve désormais des partisans au sein même de ces mouvements. Une évolution qui s'explique par la priorité accordée au changement climatique, car le nucléaire produit très peu de gaz à effet de serre et ne contribue donc pas au réchauffement de la planète.

Cependant, si on prend en compte des indicateurs liés à l’ensemble de l’environnement plutôt qu’au seul climat, l’énergie nucléaire est loin d’être propre.  

Une énergie peu impactante pour le climat 

L'électricité d'origine nucléaire se distingue par sa faible émission de gaz à effet de serre. Contrairement aux centrales à charbon ou à gaz, les centrales nucléaires n'émettent en effet presque pas de CO2 lorsque des réacteurs sont en activité.

Il n'existe pas d’énergie réellement propre

Philippe Thalmann, professeur d’économie et d’environnement à l’EPFL

Mais pour Philippe Thalmann, professeur d’économie et d’environnement à l’EPFL, il faut aussi tenir compte de la construction d’une centrale, de son futur démantèlement, ainsi que de l’extraction et du transport de l’uranium.

"Si on prend tout cela en compte, on arrive à 24 grammes de CO2 par kilowattheure. C’est le double de l'hydraulique des barrages, mais la moitié de ce que l’on produit avec les panneaux solaires ou avec les éoliennes", relève l'expert dans l’émission On en parle. Cette particularité fait certes du nucléaire un atout majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. "Mais il n’y a pas que cela", nuance l’expert. 

Des critères plus larges révèlent un fort impact sur l’environnement 

En effet, limiter l'impact environnemental d'une source d'énergie à ses seules émissions de gaz à effet de serre serait réducteur. Pour Philippe Thalmann, "il est essentiel de considérer l'ensemble des impacts environnementaux sur toute la durée de vie des différents composants impliqués". C’est pourquoi, en Suisse, les écobilans réalisés par l’Office fédéral de l’environnement se calculent en "unités de charge écologique" (UCE), qui permettent une analyse plus large des atteintes à l’environnement.

Cette approche intègre des dizaines de critères allant de la gestion des déchets à l'utilisation des sols, en passant par le risque d'accident et les émissions de microparticules ou encore l'utilisation des ressources. Elle est basée sur les lois et les objectifs que la Suisse s’est fixés dans chacun de ces domaines. Evalué en termes d’UCE, l’impact écologique de l’énergie électrique nucléaire devient considérable, en raison principalement des risques liés à la gestion des déchets nucléaires.  

L’énergie hydraulique, c’est mieux, la sobriété encore plus 

Pour limiter l’impact de notre consommation électrique, l'énergie hydraulique se distingue comme la source la plus verte et durable. Qu'il s'agisse de gaz à effet de serre ou d'UCE, l'hydroélectrique occupe la première place en matière d'impact environnemental. Il est recommandé ainsi aux consommatrices et consommateurs qui ont le choix de leur source d’énergie de favoriser l'électricité d'origine hydraulique, même si elle coûte un peu plus cher.

Néanmoins, "il n’existe pas d’énergie réellement propre", souligne Philippe Thalmann. La meilleure solution est encore de faire preuve de sobriété. 

>> Réécouter le sujet de La Matinale sur les prévisions énergétiques pour l'hiver :

La Suisse devrait échapper à des pénuries d'énergie pour l'hiver 2024-2025 (image d'illustration). [Keystone - Gaetan Bally]Keystone - Gaetan Bally
L'hiver 2024-2025 ne devrait pas être marqué par une pénurie d'énergie / La Matinale / 1 min. / le 11 novembre 2024

Sujet Radio : Mathieu Truffer et Bastien von Wyss 

Adaptation web : Laure Pagella et Bastien von Wyss 

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Différents calculs, différents résultats 

Entre mesure des gaz à effet de serre et évaluation en "Unités de charge écologique" (UCE), la méthode de calcul peut faire varier considérablement le résultat d’un impact écologique.

D’autres méthodes de calcul, utilisées par des agences internationales, agrègent différemment les multiples variables et arrivent à la conclusion que l’énergie nucléaire est moins impactante que si on la considère sous l’angle des UCE.  

Selon Philippe Thalmann, les lobbys peuvent expliquer certaines de ces décisions. Mais c’est surtout la prise en compte complète, dans les calculs suisses, de l’impact des déchets nucléaires qui fait la différence et plombe l’écobilan du nucléaire. Car sur la base de la planification NAGRA – la société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs – le stockage définitif de ces déchets avec un accès scellé ne sera effectif que dans un siècle. 

>> Revoir le sujet du 19h30 sur le stockage des déchets nucléaires :

La demande d'autorisation pour enfouir les déchets nucléaires dans le canton de Zurich a été déposée ce matin à Berne
La demande d'autorisation pour enfouir les déchets nucléaires dans le canton de Zurich a été déposée ce matin à Berne / 19h30 / 21 sec. / mardi à 19:30