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L'hypnose et la réalité virtuelle s'imposent de plus en plus comme soin de bien-être

Dr Carolina Stambolsky supervise le protocole d'hypnose à l'Hôpital Riviera-Chablais
Dr Carolina Stambolsky supervise le protocole d'hypnose à l'Hôpital Riviera-Chablais.
Antoine Kamber, un hypnothérapeute de 30 ans, a développé un programme d'hypnose assisté par réalité virtuelle pour améliorer le bien-être des patients avant une intervention chirurgicale. Ce protocole est utilisé depuis une année à l'hôpital Riviera-Chablais.

Dans son cabinet à Ollon, Antoine Kamber, hypnothérapeute de 30 ans, accueille un patient, Ludovic. Après un entretien préliminaire, il entame une séance d'hypnose d'environ 30 minutes. La voix calme d'Antoine guide Ludovic vers un état d'hypnose, décrit par ce dernier comme "un ressenti d'être comme aimanté sur ce canapé, retrouvant une paix intérieure".

L'hypnose s'est démocratisée ces deux dernières décennies. En plus des cabinets qui proposent l'hypnose comme soin de bien-être, la plupart des hôpitaux l'intègrent désormais pour réduire stress et douleur. "C'est vrai que la science n'arrive pas à expliquer comment ça se passe dans le cerveau", admet Antoine. "On voit quelles ondes sont utilisées, mais on ne comprend pas tout."

L'hypnose et ses effets thérapeutiques ont été étudiés dès le XVIIIe siècle notamment par le médecin allemand Franz Anton Mesmer, qui, en 1773, est le premier à tenter d'expliquer le phénomène hypnotique.

Mais ce n'est qu'au début du XXIe siècle que les praticiens de l'hypnose clinique éprouvent le besoin de réaliser des études scientifiques approfondies.

En 2003, le Comité consultatif scientifique allemand sur la psychothérapie rédige un rapport d'évaluation sur l'efficacité de l'hypnothérapie. Il y conclut qu'elle peut être considérée comme une technique scientifiquement valable pour le traitement, chez les adultes, des facteurs mentaux et sociaux dans les maladies somatiques, dans le traitement de la toxicomanie et du sevrage du tabac et de la méthadone. Ce rapport marque une nouvelle ère pour l'hypnose clinique, dont l'efficacité observée est maintenant basée sur des faits objectifs, notamment obtenus par la neuro-imagerie.

Quand l'hypnose rencontre la réalité virtuelle

Antoine Kamber fait partie d'une nouvelle génération de praticiens qui intègrent les dernières technologies à leurs méthodes de soin. En collaboration avec le Dr Alain Akiki, chirurgien orthopédiste et chef du service orthopédie de l'Hôpital Riviera-Chablais, il a cofondé en 2022 la société Virtual Reality Concept. Leur objectif: associer hypnose et réalité virtuelle pour améliorer le bien-être des patients avant et après une intervention chirurgicale. Ce projet, implémenté depuis une année à l'hôpital Riviera Chablais, pourrait bien inspirer d'autres établissements.

L'innovation d'Antoine et du Dr Akiki, c'est l'intégration de la réalité virtuelle à l'hypnose. Leur programme permet aux patients de se plonger dans des environnements virtuels apaisants. "La réalité virtuelle va amener la vision, (…), ça va encore plus bluffer le cerveau", explique Antoine. En recréant des scènes réalistes personnalisées selon les préférences du patient, ils parviennent à créer une expérience immersive unique.

Lors de la première consultation, le patient remplit un questionnaire détaillé sur ses goûts, ses angoisses, le niveau de douleur ressenti. Aime-t-il la plage ou la montagne? Préfère-t-il les voix masculines ou féminines? Toutes ses réponses permettent à l'hypnothérapeute qui traite le questionnaire de personnaliser l'expérience virtuelle et d'adapter le contenu de la narration d'hypnose.

Vers une nouvelle ère de la médecine?

L'utilisation de la réalité virtuelle ne se limite pas à la préparation psychologique des patients et à l'hypnose. Elle pourrait aussi transformer la formation médicale. Le Dr Akiki voit en la réalité virtuelle un outil pédagogique puissant. "La réalité virtuelle et l'intelligence artificielle permettent de créer des modèles synthétiques qui ressemblent tellement à la pièce humaine que nous arrivons à entraîner les assistants et les jeunes chirurgiens. Ça sera la nouvelle forme d'apprentissage".

En attendant, l'hôpital Riviera Chablais continue d'expérimenter ce protocole d'hypnose assistée par la réalité virtuelle, avec des résultats très encourageants. "Ces patients, moins stressés avant l'opération, ont une meilleure récupération en post-opératoire", observe Dr Carolina Stambolsky cheffe de Clinique Adjointe de l'Hôpital Riviera-Chablais.

Reportage: Marc Gagliardone

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