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L'IA sera-t-elle plus intelligente que nous? "ll faut s'y préparer", affirme Yann Le Cun

Entretien avec Yann Le Cun, patron de l'Intelligence artificielle chez Meta
Entretien avec Yann Le Cun, patron de l'Intelligence artificielle chez Meta / 19h30 / 5 min. / le 10 octobre 2024
L'un des pères de l'intelligence artificielle, Yann Le Cun, était l'invité du 19h30 jeudi soir. Le chef du domaine de l'IA au sein de Meta affirme qu'un jour les assistants virtuels seront omniprésents dans notre quotidien. Ils seront même plus intelligents que nous.

Nous ne pourrons bientôt plus rivaliser avec les machines en termes de capacités intellectuelles. "Cela ne fait aucun doute. ll faut s'y préparer, car ce n'est qu'une question de temps", soutient Yann Le Cun, 64 ans. Reste à savoir quand. "Il y a beaucoup d'incertitudes", note l'informaticien, présent en Suisse pour recevoir un doctorat honoris causa de l'Université de Genève.

Vous craignez peut-être que les IA prennent l'ascendant sur nous. Le chercheur en informatique tient à se montrer optimiste: les machines seront au service de l'être humain, assure-t-il. "Dans une ou deux décennies, nous nous baladerons peut-être avec des lunettes ou les successeurs des smartphones, dans lesquels résideront des assistants qui nous aideront dans la vie de tous les jours. Ils seront peut-être plus intelligents que nous, mais ils travailleront pour nous. C'est un peu comme avoir une équipe qui travaille pour soi. Quand on réunit une équipe, on veut des gens qui sont plus intelligents que nous", argumente-t-il.

>> Voir le portrait de Yann Le Cun dans le 19h30 :

Portrait de Yann Le Cun, l'un des pères de l'Intelligence artificielle
Portrait de Yann Le Cun, l'un des pères de l'Intelligence artificielle / 19h30 / 2 min. / le 10 octobre 2024

Une différence de vue avec Geoffrey Hinton

Yann Le Cun a reçu le prestigieux prix Turing en 2018, qui récompense des contributions essentielles dans l'informatique. L'un de ses colauréats n'est autre que Geoffrey Hinton. Lequel a reçu mardi le Nobel de physique avec John Hopfield pour leurs travaux pionniers sur l'IA. Le tout fraîchement nobelisé est pourtant devenu une voix critique de ces technologies, craignant qu'elles puissent "prendre le contrôle".

Il faut des systèmes open source

Yann Le Cun

Le Franco-Américain balaie ces craintes. "Geoffrey Hinton a toujours été un peu trop pessimiste. Il manque de confiance dans la capacité des sociétés humaines à tirer parti de nouvelles technologies. Il pense que les motivations ne sont pas forcément bonnes. Je suis beaucoup plus optimiste sur la question et nous ne sommes pas d'accord là-dessus", déclare celui qui est aussi professeur à la New York University.

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Plaidoirie pour le libre accès

Les technologies ne doivent néanmoins pas se concentrer dans les mains d'une poignée d'entreprises de la côte ouest des Etats-Unis, prévient néanmoins Yann Le Cun. Cela prétériterait "la démocratie et la diversité culturelle", soutient-il. "Il faut des systèmes open source, qui puissent être entraînés sur toutes les langues du monde, toutes les cultures et systèmes de valeur. Il faut que tout un chacun ait le choix", plaide-t-il.

Ces propos ont de quoi surprendre, de la part d'un responsable du géant Meta, qui possède Facebook, Instagram ou encore Whatsapp… Le groupe californien met à disposition gratuitement ses technologies, rétorque Yann Le Cun. "Par exemple, nous distribuons une série de plateformes open source similaires à ChatGPT qui s'appellent Llama. Elles sont utilisables par n'importe qui. Elles peuvent être affinées pour des utilisations d'entreprises, de gouvernements ou de groupes culturels. Cela permet de faire essaimer l'industrie de l'IA."

Mais pour l'heure, les systèmes d'IA présentent quatre défauts, reconnaît Yann Le Cun. "Ils ne comprennent pas le monde physique, ils n'ont pas de mémoire persistante, ils ne peuvent pas raisonner ni planifier. Et ce sont des caractéristiques essentielles du comportement intelligent chez les humains et beaucoup d'animaux." L'intelligence artificielle porte donc mal son nom pour l'instant. Jusqu'à quand?

Texte web: Antoine Michel

Propos recueillis par Philippe Revaz

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