La multiplication des incendies liés aux batteries Lithium-Ion inquiète les déchetteries
Ecouteurs sans fil, caméras portatives, puffs, etc. Ces batteries sont partout et se révèlent peu résistantes aux chocs ou encore aux températures élevées. Leur manipulation avec d'autres déchets du quotidien font qu'elles s'embrasent rapidement.
Le Centre de Recyclage Serbeco à Genève en a fait les frais le 1er août dernier. Bertrand Girod, le directeur de ce centre de tri, tire la sonnette d'alarme: "Il y a 10 fois plus de départs d'incendies qu'il y a cinq ans".
La faitière des recycleurs (le VSMR) confirme: l'augmentation des incendies liés aux batteries est "le" sujet du moment.
Infrastructures aux frais des déchetteries
"Le feu s'est déclaré dans un tas qui allait passer dans les installations de tri le lendemain", décrit Bertrand Girod dans La Matinale jeudi, en évoquant plusieurs systèmes de détection de ces incendies: la "détection de fumée (...) ou la détection de chaleur avec des systèmes de caméras thermiques (...)". Ces derniers peuvent "envoyer une alarme ou être couplés à des systèmes qui permettent d'éteindre ou, en tout cas, d'éviter la propagation des incendies", détaille-t-il.
Mais il regrette que ces infrastructures soient à leurs "frais". "On se sent assez seuls pour gérer cette problématique, sachant que nous n'en sommes pas à l'origine (...) Par contre, on les récupère (les batteries, ndlr) et on doit ensuite les traiter", dénonce-t-il.
Selon lui, ces incendies et les coûts qu'ils engendrent pourraient être fatals pour certaines entreprises.
Discussions au niveau fédéral
Un problème pris au sérieux, puisque depuis le début de l'année, deux tables rondes ont été organisées au niveau fédéral. La dernière a eu lieu à la fin du mois d'août. Elle rassemblait les divers acteurs du recyclage allant des centres de tri à l'Office fédéral de l'environnement, en passant par les organismes privés chargés du recyclage. Ces derniers ont pour mandats de récolter les objets recyclables comme les piles et les appareils électriques ou électroniques pour les recycler séparément.
Pour le moment, il a été convenu qu'une campagne de sensibilisation au tri des batteries Lithium-Ion serait menée au niveau national dès le mois d'octobre. Une troisième table ronde aura lieu au premier semestre 2025. Le but est de trouver des solutions autour d'enjeux-clés comme le financement des installations de détection des feux, la question de la responsabilité ou encore des assurances.
Pas ou peu d'assurances
Pour les cantons qui n'ont pas d'établissement cantonal d'assurance comme Genève ou le Valais, il est de plus en plus difficile de s'assurer contre les incendies. Selon la faitière des recycleurs, de nombreuses assurances ne proposent tout simplement plus de solution d'assurances. Et si elles le font, "elles sont très coûteuses et durcissent de plus en plus leurs conditions".
De son côté, l'Association Suisse d'Assurances confirme que le défi des incendies est de taille. Elle souligne que la question centrale est de savoir "comment le risque d'incendie pourrait être ramené à un niveau assurable".
Interdire les objets avec les batteries lithium?
En parallèle de ces discussions au sein de la branche, d'autres pistes pourraient émerger au niveau politique. Le conseiller national Vert valaisan Christophe Clivaz a déposé un texte demandant l'interdiction des puffs en Suisse. "Du point de vue social, écologique et économique, ça ne fait pas de sens de continuer à autoriser ce produit qui est progressivement interdit dans tous les pays", argumente-t-il au micro de la RTS.
Les raisons d'interdire les puffs sont nombreuses selon lui, mais l'argument de la multiplication des incendies dans les déchetteries a fait mouche auprès de plusieurs de ses collègues de droite.
Le Conseil des Etats devrait se prononcer sur la question en mars prochain.
>> Pour aller plus loin sur les puffs, lire aussi : Une batterie de cigarette était bien à l'origine du feu à bord du vol EasyJet
Sujet radio Tania Sazpinar
Adaptation web: juma