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La pierre centrale de Stonehenge proviendrait d’Ecosse, selon une nouvelle étude

Photo non datée publiée par l'Université d'Aberystwyth de la pierre d'autel, vue ici sous deux plus grosses pierres Sarsen, qui, selon de nouvelles recherches, est en fait écossaise et non galloise. [Keystone - Professeur Nick Pearce]
La pierre centrale de Stonehenge proviendrait d’Écosse, selon une nouvelle étude / Le Journal horaire / 30 sec. / le 14 août 2024
Du nord-est de l'Ecosse au sud de l'Angleterre: c'est le surprenant voyage d'au moins 750 kilomètres qu'a effectué une dalle de pierre de six tonnes située au centre du complexe néolithique de Stonehenge, sans que l'on sache encore comment, selon une étude publiée mercredi.

Sources d'émerveillement depuis près de 5000 ans, les mégalithes disposés en cercle qui caractérisent Stonehenge étaient attribués par la légende arthurienne au magicien Merlin qui, au Moyen Age, aurait volé le monument en Irlande.

Plus récemment, des scientifiques ont déterminé que les grès verticaux emblématiques du site néolithique provenaient de la région de Marlborough, en Angleterre, tandis que les pierres bleues disposées près du centre provenaient du Pays de Galles.

Mais l'origine de la pierre de l'autel, une dalle unique de six tonnes couchée sur le côté au cœur même du cercle, restait introuvable.

Le monument néolithique Stonehenge dans la plaine de Salisbury, dans le Wiltshire, en Grande-Bretagne, photographié ici le 31 août 2022. [via REUTERS - Will Dunham]
Le monument néolithique Stonehenge dans la plaine de Salisbury, dans le Wiltshire, en Grande-Bretagne, photographié ici le 31 août 2022. [via REUTERS - Will Dunham]

Un voyage de 750 kilomètres

On a longtemps pensé qu'elle provenait également du Pays de Galles, mais les tests effectués dans ce sens n'ont jamais "rien donné", a souligné Richard Bevins, professeur de géologie à l'Université d'Aberystwyth et co-auteur de l'étude publiée dans la revue Nature.

Mais grâce à une analyse chimique, des scientifiques du Royaume-Uni et d'Australie ont déterminé que la pierre de l'autel provenait du bassin des Orcades, dans le nord-est de l'Écosse, à au moins 750 kilomètres de Stonehenge.

Les scientifiques ont été stupéfaits devant cette découverte, la distance étant la plus longue jamais parcourue par une pierre à l'époque, relève Nick Pearce, de l'université d'Aberystwyth, co-auteur de l'étude.

Une société organisée et connectée

La question de savoir si les humains d'il y a 4500 ans étaient capables de transporter des pierres aussi énormes depuis le Pays de Galles avait déjà fait l'objet d'un vif débat parmi les archéologues, les historiennes et les historiens.

Selon les spécialistes, le fait qu'un bloc de cinq mètres sur un mètre ait pu traverser la majeure partie du Royaume-Uni indique que la société dans les îles britanniques à l'époque néolithique était très organisée et connectée.

Une photo montre un rassemblement de personnes autour de Stonehenge pour assister aux célébrations du solstice d'été, près d'Amesbury, en Grande-Bretagne, le 21 juin 2023 (image d'illustration). [REUTERS - TOBY MELVILLE]
Une photo montre un rassemblement de personnes autour de Stonehenge pour assister aux célébrations du solstice d'été, près d'Amesbury, en Grande-Bretagne, le 21 juin 2023 (image d'illustration). [REUTERS - TOBY MELVILLE]

Un transport par voie terrestre paraît extrêmement difficile pour l'époque, alors que les forêts denses, les tourbières marécageuses et les montagnes constituaient des "barrières redoutables" pour les déménageurs préhistoriques, explique aussi Anthony Clarke.

Un voyage par la mer?

Reste alors la possibilité que la pierre ait été acheminée par la mer. Il existe en effet des preuves de l'existence d'un "vaste réseau de transport maritime néolithique", qui permettait d'acheminer des poteries et des pierres précieuses dans toute la région, selon Anthony Clarke.

Pour déterminer l'origine du minéral, les chercheurs ont envoyé des rayons laser dans les cristaux de deux fines tranches de la pierre d'autel.

La proportion d'uranium et de plomb dans ces cristaux agit comme une "horloge miniature" pour les roches, ce qui permet de déterminer l'âge de la pierre, a indiqué Chris Kirkland, de l'Université Curtin, co-auteur de l'étude.

L'équipe a ensuite comparé cet âge à celui d'autres roches du Royaume-Uni et a conclu "avec un degré élevé de certitude" que la pierre provenait du bassin des Orcades.

afp/ther

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