"Tout fonctionne parfaitement", a déclaré Ludovic Marie, directeur de projet de Constructions mécaniques de Normandie, le chantier naval chargé du programme Tara.
Initialement prévues mardi, les opérations avaient été interrompues suite à un problème d'étanchéité d'un capteur au niveau de la quille. Mais vendredi, à l'aube, avec des conditions météo parfaites, Tara a été descendue dans l'eau un an après le début de sa construction.
Premier départ prévu en 2026
Dans un premier temps, cet igloo métallique futuriste, monté sur une coque épaisse et arrondie en aluminium, a été descendu dans l'eau millimètre par millimètre. Tara a ensuite été guidée "tout doux" par des bateaux pour l'amarrer à un ponton à environ 500 mètres.
Le premier départ est prévu en 2026 pour la mission "Tara Polaris I", pour environ 500 jours. Jusqu'à présent, aucune mission n'avait été capable de faire face aux conditions extrêmes du milieu polaire toute l'année. Elle pourra accueillir en été jusqu'à 20 personnes, équipage et scientifiques.
Avant cela, quelques aménagements intérieurs sont à finir et des essais seront menés, à quai, en mer et ensuite en conditions arctiques, a indiqué Ludovic Marie.
Améliorer la connaissance de la région
Ce laboratoire flottant, conçu pour résister aux températures extrêmes et rester de longs mois bloqué dans les glaces, doit dériver en Arctique de 2026 à 2045 pour améliorer la connaissance scientifique de cette région, "sentinelle du climat", particulièrement menacée, notamment par la fonte des glaces.
Pour Julia Schmale, professeur des sciences atmosphériques à l'EPFL et qui fait partie du consortium scientifique du programme Tara Polar Station, l'étude de l'océan Arctique est capitale. "La partie centrale de l'océan Arctique changera radicalement. Actuellement, il y a encore de la banquise en été, mais nous prévoyons que, dans 20 ans, il n'y en aura plus que très peu, voire plus du tout. Cela signifie que l'Arctique pourrait se réchauffer beaucoup plus rapidement, alors qu'aujourd'hui, il se réchauffe déjà quatre fois plus rapidement que le reste du monde", explique-t-elle vendredi dans La Matinale.
Et d'ajouter: "L'état de l'Arctique est très important pour les conditions météorologiques en Europe (...) c'est très important pour l'hémisphère Nord et pour le climat global."
A bord du vaisseau, les scientifiques pourront donc étudier sur le long terme l'atmosphère, la glace, l'océan Arctique et son écosystème. Pour ce faire, le navire est équipé d'une "Moon Pool", une piscine lunaire, en français. En réalité, il s'agit d'un puits central, un équipement souvent présent dans diverses installations maritimes, comme les plateformes pétrolières. Le dispositif permet de descendre ou remonter du matériel depuis la structure. Dans le cas de la Tara Polar Station, cette "Moon Pool" servira notamment à envoyer des équipements pour explorer l'océan Arctique, tels qu'un sous-marin téléguidé et un appareil destiné à collecter des échantillons sous-marins.
Reportage radio: Foued Boukari
Adaptation web: ther avec afp