Le 20 août 2024, la sonde spatiale JUICE a accompli une "première mondiale" en exécutant un passage proche de la Lune puis de la Terre, destiné à faciliter son voyage vers Jupiter. L'opération consistait à passer près d'un corps céleste pour profiter de son attraction gravitationnelle, une force naturelle qui permet de dévier la trajectoire de l'engin spatial et de modifier sa vitesse.
Ce survol représentait une opportunité de tester et calibrer les instruments scientifiques embarqués par la sonde, ainsi que de s'assurer qu'ils étaient prêts pour l'arrivée de JUICE sur Jupiter, précise l'ESA.
La sonde fonctionne correctement
Deux instruments ont ainsi collecté des données indiquant que la Terre est habitable: MAJIS, le spectromètre imageur de Jupiter, et SWI, l'instrument à ondes submillimétriques. Ils ont notamment montré la présence d'eau, de carbone, d'hydrogène, d'azote, d'oxygène, de phosphore ainsi que de soufre dans l'atmosphère, soit les éléments composant le plus couramment les organismes vivants.
L'équipe de l'instrument MAJIS s'apprête à approfondir les données recueillies lors du survol de la Terre, notamment en ce qui concerne la concentration d'oxygène dans l'atmosphère: "Leurs conclusions les aideront à découvrir si les niveaux d'oxygène pourraient soutenir l'activité biologique actuelle sur Terre", souligne le communiqué de l'ESA.
Plus importante que cette "découverte" en tant que telle est la confirmation que les instruments de la sonde fonctionnent correctement. "Nous ne sommes évidemment pas surpris par ces résultats", souligne Olivier Witasse, scientifique impliqué dans le projet JUICE.
"Mais cela indique que les instruments fonctionneront correctement sur Jupiter, où ils devront déterminer si les lunes glacées de la planète pourraient représenter des habitats potentiels pour des formes de vies passées ou présentes", a-t-il ajouté.
>> Des images prises en trois longueurs d'ondes différentes par MAJIS:
JUICE, acronyme de JUpiter ICy moons Explorer, a été lancée en avril 2023. Son arrivée sur Jupiter est prévue en 2031. La sonde observera les lunes glacées Europe, Ganymède et Callisto, à la recherche d'environnements propices à l'apparition d'une vie extra-terrestre. Ces lunes pourraient en effet contenir des océans d'eau liquide sous leur croûte glacée.
>> Plus d'explications sur la mission: : Report du lancement de la mission JUICE vers Jupiter et ses lunes
sjaq et l'ats
Des instruments suisses
Des instruments fabriqués en Suisse sont à bord. L'Université de Berne est au premier rang avec le spectromètre de masse NIM (Neutral and Ion Mass Spectrometer), élaboré en collaboration avec le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa).
Les scientifiques bernois ont également développé un module de l'instrument qui servira à étudier la typographie de Ganymède, ainsi que l'unité d'optique et de calibrage de l'appareil devant mesurer les ondes de chaleur de l'atmosphère de Jupiter.
L'Institut Paul Scherrer a quant à lui fourni le détecteur de radiations RADEM (Radiation-hard Electron Monitor). Cet instrument, qui fonctionnera durant les huit années que doit durer le voyage, est chargé de récolter des informations sur l'activité solaire et son influence sur notre planète. Il servira aussi à cartographier les ceintures de radiations complexes de Jupiter.
L'entreprise neuchâteloise Micro-Cameras & Space Exploration SA a conçu et fabriqué deux caméras qui sont à bord de la mission et avec lesquelles les images de la Lune et le la Terre ont été prises lors du flyby.