Largement prescrites, les statines sont associées à un léger risque d'hémorragies cérébrales
Beaucoup de personnes âgées se sont vues prescrire des statines, parfois durant plusieurs décennies, pour réduire le mauvais cholestérol. Une équipe de l'hôpital de l'Île de Berne vient toutefois de mettre en lumière un risque grave, potentiellement mortel, lié à la prise régulière de ces médicaments.
L'équipe a compilé et analysé des dizaines d'études au sein d'une méta-analyse qui regroupe au final plus de 280'000 patientes et patients à travers le monde. "Nous avons démontré que les statines augmentaient légèrement le risque d'attaque cérébrale, sous la forme d'un saignement important dans le cerveau", explique Nicolas Rodondi, médecin-chef à l'hôpital de l'Île.
Une balance bénéfices/risques compliquée
"Heureusement, le risque est relativement léger, soit une personne sur 3300 (...) pour un traitement de sept ans", poursuit-il. "Mais vu les millions de personnes qui prennent ces médicaments, c'est un risque important au niveau de la population."
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Malgré ce risque, il est important de ne pas prendre soi-même la décision d'arrêter un traitement, prévient le spécialiste. "Il faut pondérer ce risque relativement rare avec les bénéfices [des statines] sur le risque d'infarctus et d'attaque cérébrale", souligne-t-il.
De manière générale, la balance des risques et des bénéfices est effectivement la question à poser lorsqu'on débute ou que l'on arrête n'importe quel traitement. Et désormais, il y aura simplement un paramètre de plus à prendre en compte en ce qui concerne les médicaments anti-cholestérol.
D'autres facteurs de risque
"Cette étude révèle un effet secondaire qu'on supputait depuis longtemps. Tout effet secondaire doit avoir une influence sur la manière dont on prescrit, mais c'est une toute petite fraction qui est concernée", rassure Olivier Muller, chef du service de cardiologie du CHUV, mercredi soir dans le 19h30.
Il rappelle que le nombre de décès que l'on peut éviter avec les statines reste "spectaculaire", et qu'il ne s'agit donc pas de jeter ces médicaments à la poubelle, mais de "stratifier le risque" en tenant compte aussi de nombreux autres facteurs qui influencent la santé: "Le diabète, l'obésité, le manque de sport, l'hygiène de vie, l'hypertension ou le tabac, qui est vraiment dramatique dans notre société en termes d'effets sur le système cardio-vasculaire".
Christophe Ungar/jop