Les soupçons que l'obésité maternelle perturbe l'équilibre métabolique de l'enfant à naître et favorise plus tard l'apparition de cancers sont grands au sein de la communauté scientifique. Mais jusqu'à présent, personne n'avait tenté d'en mesurer véritablement l'impact.
"Nous voulions comprendre si les enfants de mères souffrant d'obésité avaient un risque plus important de développer des maladies et par quels mécanismes biologiques", explique, cité dans un communiqué de l'UNIGE et des HUG diffusé mardi, le professeur Christian Toso, qui a dirigé les travaux publiés .
Pour ce faire, l'équipe de recherche a étudié deux groupes de souris femelles. Le premier a été alimenté avec de la nourriture riche en graisse et en sucre, en d'autres termes de la malbouffe. Les animaux se sont rapidement trouvés en surpoids. L'autre groupe, qualifié de référence, a eu droit à un régime normal.
Inégalité constatée
Des petites souris sont nées de ces deux groupes. Elles ont été nourries de la même façon, normalement. Aucune n'était en surpoids. Or, chercheuses et chercheurs ont constaté que les animaux du premier groupe, à 40 semaines, ont vu leur santé hépatique se dégrader, avec l'apparition de lésions avancées du foie, de fibroses.
L'équipe du professeur Toso, pour confirmer que les souris nées de mères obèses avaient un risque plus élevé de développer un cancer du foie, a injecté à deux nouveaux groupes de rongeurs un produit cancérigène: "Les descendants de mères obèses avaient 80% de risques de développer un cancer, contre 20% pour le groupe de contrôle".
Pour le chef de clinique Beat Moeckli, chercheur dans l'équipe du professeur Toso, les descendants de souris obèses semblent hériter d'un dysfonctionnement métabolique: "L'obésité altère la composition et la diversité du microbiote de la mère, qui est transmis à la génération suivante et perdure tout au long de la vie."
L'importance du microbiote
Un régime de malbouffe favorise la prolifération de mauvaises bactéries et diminue la diversité bactérienne. Ce microbiote altéré, transmis au moment de la naissance, entraîne alors une inflammation plus importante du foie. La normalisation du microbiote normalise le risque de cancer.
Il reste maintenant à confirmer ces conclusions sur l'être humain en conditions de vie réelles. Selon l'UNIGE et les HUG, "une première étape consistera en une étude épidémiologique sur de larges corpus de données issues de suivi des mères et de leurs enfants sur plusieurs décennies".
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ats/sjaq