Au début des années 1950, l'Europe se relève à peine de la Seconde Guerre mondiale. La recherche scientifique se porte mal et ses talents partent pour les États-Unis. Mais l'Europe veut, elle aussi, ses accélérateurs de particules. Le Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN) est alors créé en 1954 dans la commune genevoise de Meyrin.
A cette époque, le nucléaire fait peur, car le traumatisme de la bombe atomique est vif. "Cela a été presque une catastrophe pour le CERN. On s'est aperçu que des organismes tels que la Croix-Rouge, par exemple, avait peur", se souvient le fondateur du CERN Pierre Roger, dans une archive de la RTS datant de 1986.
"On a réussi à leur faire comprendre qu'il ne s'agissait pas du tout de faire des réacteurs et des bombes atomiques, mais bien des particules de très haute énergie."
La Suisse est choisie pour accueillir ce laboratoire international pour sa localisation au centre de l'Europe et sa neutralité, dans un contexte de Guerre froide entre les Etats-Unis et l'URSS.
La découverte du boson de Higgs
En 1957, le premier accélérateur de particules, le synchrocyclotron, est lancé. Il sera suivi d'autres accélérateurs toujours plus grands et puissants, dont la mission est de créer des collisions entre des particules circulant à toute vitesse afin de mieux comprendre la composition de la matière et l'évolution de l'Univers.
L'immense LHC, un anneau de 27 kilomètres de long sous terre, est inauguré en 2008. Son lancement est entouré de craintes, une rumeur sur la possible création d'un trou noir qui engloutirait le monde circulant au sujet de la machine. Au final, pas de trou noir, mais une découverte exceptionnelle en 2012: le boson de Higgs.
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La particule est responsable de la création de la matière après le Big Bang, et donc de la vie. Peter Higgs, un des scientifiques qui avait théorisé son existence, se dit "bouleversé" par cette découverte. "Je n'arrive pas à croire que cela puisse se passer de mon vivant." Décédé en avril dernier, il ne verra pas la suite des recherches sur le boson.
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Un projet gigantesque
Aujourd'hui, le CERN continue de vouloir percer les mystères de l'Univers. Il ambitionne de construire un nouvel accélérateur de particules de 91 kilomètres de long, le Futur collisionneur circulaire (FCC), dans le sous-sol genevois et français d'ici 2045.
Comme il y a 30 ans, le gigantisme du projet est critiqué. L'impact environnemental et économique suscite des craintes auprès de la population.
Du côté du CERN, on estime que l'humain a besoin d'accroître sa connaissance et de comprendre l'Univers. "Aujourd'hui, cette machine est la seule qui a été identifiée pour répondre à ces interrogations. A partir du moment où l'on comprend le but, [...] on peut accepter qu'il va falloir faire des sacrifices dans [le domaine de l'environnement], qui peuvent être compensés ultérieurement", soulignait en avril dernier Jean-Paul Burnet, ingénieur en charge de l'étude de faisabilité du FCC.
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Sujet radio: Anouk Pernet
Adaptation web: iar