Le chronométrage des épreuves sportives, "un savoir-faire extraordinaire" pour le patron d'Omega
Le Comité International Olympique (CIO) a confié le chronométrage officiel des Jeux à Omega jusqu'en 2032 pour sa "réputation de précision, d'excellence et d'innovation", assure Raynald Aeschlimann, président et directeur général d'Omega, au micro de la RTS mercredi. D'autant qu'il "est fondamental et crucial pour une réussite et une crédibilité de ces compétitions sportives", d'où la mission de la marque du groupe Swatch pour les JO de Paris et ce contrat de 100 ans de "pouvoir assurer le long terme (...) et assurer les évolutions technologiques qui sont fondamentales".
Le chronométrage fait appel à un "savoir-faire extraordinaire", souligne encore l'invité de la RTS.
La technologie au service de la précision
En deux semaines, les JO de Paris accueilleront 32 disciplines et 329 compétitions. De telles épreuves nécessitent donc une fiabilité sans faille des chronomètres utilisés. Ceux d'Omega, de TAG Heuer et de Longines – qui ont également participé aux compétitions précédentes – ont une capacité à mesure au millionième "dans une précision incontestée", dit fièrement Raynald Aeschlimann, grâce à son Quantum Timer.
A Paris, il y aura 550 chronographes, (...) 900 volontaires, 300 tonnes de matériel
Pour atteindre un tel niveau de précision, les marques horlogères suivent les évolutions technologiques (voir encadré). Aux JO de Los Angeles en 1932, il n'y avait qu'un chronométreur muni de 30 chronographes, rappelle le directeur d'Omega, d'une fiabilité d'un dixième de seconde. "A Paris, ils seront 550, (...) 900 volontaires, 300 tonnes de matériel."
Les nouvelles disciplines des Jeux de 2024 sont un challenge, ajoute Raynald Aeschlimann qui cite le breakdance et l'escalade sportive. Pour cette dernière, le chronométrage a dû être adapté, comme ça avait été le cas pour la natation, rappelle-t-il. Les nageurs arrêtent eux-mêmes le chronomètre grâce à l'innovation des plaques de touche de 1967, ce qui évite les problèmes d'arbitrage qui se produisaient avant. "On est très fiers de dire que dans l'escalade, on a développé la même technologie", se réjouit le directeur général d'Omega.
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Entre les JO de Los Angeles et Paris, ce ne sont plus du tout les mêmes technologies, mais la mission reste la même. Et surtout, nos valeurs sont les mêmes
"Entre Los Angeles et Paris, ce ne sont plus du tout les mêmes technologies, mais la mission reste la même. Et surtout, nos valeurs sont les mêmes: l'authenticité, la précision et (...) l'engagement au service des athlètes et des spectateurs et spectatrices partout dans le monde", ajoute-t-il en notant que "le plus important, c'est la perfection".
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Article web: Julie Marty
L'évolution du chronomètre pour les épreuves des JO
Le chronométrage sportif a évolué de façon permanente pour atteindre son niveau de précision d'aujourd'hui.
En 1948, Omega a utilisé pour la première fois la cellule photoélectrique aux Jeux d'hiver de Saint-Moritz (GR), puis aux Jeux d'été de Londres la même année. C'est ainsi que la machine a commencé à supplanter l'homme en matière de précision, indique Omega sur son site internet.
En 1952, Omega utilise son OMEGA Time Recorder pour la première fois et enregistre des temps au centième de seconde. Il permet d'imprimer les résultats sur papier.
Les JO de Melbourne de 1956 sont marqués par l'arrivée du nouveau chronomètre Swim Eight-O-Matic Timer. Il s'agit d'un appareil semi-automatique qui permet de départager les nageurs, même lors de performances au résultat très serré.
L'édition des JO de Rome de 1960 est retransmise à la télévision et les résultats affichés sur de larges panneaux électroniques. Ils seront incrustés à l'écran pour la première fois lors des Jeux d'hiver d'Innsbruck de 1964.
Les plaques de touche sont employées pour une utilisation officielle pour la première fois le 22 juillet 1967 lors de l'épreuve de natation des jeux panaméricains. Elles sont utilisées dans toutes les éditions des JO d'été depuis 1968.
Les JO de Mexico de 1968 voient arriver le chronométrage électronique dans toutes les épreuves.
L'édition des JO de Los Angeles de 1984 est marquée par l'arrivée de plusieurs technologies, dont les détecteurs de faux départs utilisés en natation et en athlétisme.
L'épreuve de patinage de vitesse des JO d'hiver d'Albertville de 1992 a bénéficié du premier système OMEGA Scan-O-Vision, qui effectue des mesures numériques au millième de seconde au passage de la ligne d'arrivée.
Les JO de Rio de Janeiro de 2016 ont vu l'arrivée de la caméra photo-finish Scan'O'Vision MYRIA capable d'enregistrer 10'000 images par seconde.
Omega a utilisé une nouvelle technologie de pointe lors des JO de Tokyo de 2020 en 2021. Elle a permis de détecter les mouvements afin de mettre en évidence chaque détail.
Pour les JO de Paris2024, Omega s'aidera de l'intelligence artificielle (IA) pour mesurer "plus d'1,3 million de données", qui touchent aussi bien au temps qu'aux performances des athlètes, indique Raynald Aeschlimann au micro de la RTS.
"Nous allons introduire une nouvelle technologie: la 'computer vision'. C'est une vision par ordinateur dans laquelle on va reproduire (...) grâce à des caméras, toute l'activité" des concourants. Elle sera utilisée pour "reproduire en 3D les plongeons ou les sauts" ou pour "mesurer la vitesse de réaction du tennisman au niveau du premier coup" par exemple, détaille Raynald Aeschlimann. Cette technologie permettra aux athlètes de "s'améliorer", compte tenu de leur prestation. Cela se fera "sans aucun capteur", qui sont parfois un poids d'importance dans les mouvements, note encore l'invité de mercredi.
Les JO de Paris2024 verront aussi l'arrivée de "Scan'O'Vision": une caméra inventée par Omega et qui va prendre "40'000 photos en une seconde", ajoute encore son patron.