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Le CHUV inaugure un écran géant immersif pour étudier et traiter l'arthrose

L'arthrose est la maladie articulaire la plus fréquente. Un laboratoire a ouvert au CHUV pour étudier et traiter cette maladie
L'arthrose est la maladie articulaire la plus fréquente. Un laboratoire a ouvert au CHUV pour étudier et traiter cette maladie / 19h30 / 2 min. / le 20 septembre 2024
Le CHUV à Lausanne a inauguré vendredi un laboratoire unique au monde pour étudier et traiter l'arthrose. Les nouveaux équipements du Swiss BioMotion Lab sont spécialisés dans l'analyse et la rééducation du mouvement.

Le CHUV inaugure un dispositif immersif pour mieux comprendre et soigner l'arthrose, cette dégénérescence du cartilage qui rend les articulations douloureuses. Cette maladie articulaire est la plus fréquente et une des principales causes de handicap. Ce dispositif est le fruit de dix ans de recherches et est une avancée importante pour contrer cette maladie complexe et encore mal comprise.

Au CHUV, un écran géant immersif pour étudier et traiter l'arthrose [KEYSTONE - CYRIL ZINGARO]
Au CHUV, un écran géant immersif pour étudier et traiter l'arthrose [KEYSTONE - CYRIL ZINGARO]

Le laboratoire "permettra de réaliser des recherches d'envergure et de faire profiter les patients des données biomécaniques jusqu'ici surtout utilisées en recherche", explique la professeure Brigitte Jolles-Haeberli, codirectrice du Swiss BioMotion Lab avec le docteur Julien Favre. Ce laboratoire est notamment équipé d'un tapis roulant inclinable faisant face à un immense écran incurvé et immersif, qui permet l'analyse de la marche en conditions "réelles". Le coût de ces nouveaux dispositifs se monte à un peu moins d'un million de francs.

Des analyses menées depuis 2014

La biomécanique des patients souffrant d'arthrose du genou est analysée au Swiss BioMotion Lab depuis 2014, rappelle le CHUV. Grâce à des caméras et de nombreux capteurs situés dans le sol ou placés sur le patient, l'équipe médicale peut mesurer les angles, les forces ainsi que de nombreux autres paramètres pour établir des profils de marche.

 Il y a 90% des gens de plus de 65 ans qui ont une forme d'arthrose et on n'a pas de moyen de l'arrêter. Par contre, on peut soulager les symptômes et c'est ce sur quoi on travaille

Brigitte Jolles-Haeberli, professeure et codirectrice du Swiss BioMotion Lab

La modélisation mathématique et mécanique de la marche est précieuse pour mieux comprendre l'origine et le développement de l'arthrose, rappellent ses responsables. Les travaux déjà menés ont permis de lier des caractéristiques de la marche à la sévérité de la maladie ainsi qu'aux propriétés des os et des cartilages. Des études ont démontré la possibilité de modifier ces caractéristiques dans un objectif thérapeutique.

Pratique clinique courante

Grâce aux nouveaux équipements, il sera possible d'étendre les études à des populations plus grandes, d'obtenir des profils de marche plus complets et de proposer de la rééducation plus ciblée et personnalisée, selon la professeure. Autre objectif visé: intégrer ces possibilités à la pratique clinique courante. "L'idée est donc de faire passer toutes les recherches que l'on a développées depuis dix ans sur l'arthrose dans la clinique au service des patients."

Grâce aux nouveaux équipements, il sera possible d'étendre les études à des populations plus grandes [KEYSTONE - CYRIL ZINGARO]
Grâce aux nouveaux équipements, il sera possible d'étendre les études à des populations plus grandes [KEYSTONE - CYRIL ZINGARO]

"Les capacités du Swiss BioMotion Lab sont uniques", relève le docteur Julien Favre. "Des équipements perfectionnés de mesure du mouvement permettent par exemple de reproduire les conditions réelles et quotidiennes de la marche". Pour ce faire, le patient marche sur un tapis roulant, qui peut même s'incliner, permettant de reproduire du dénivelé.

Changer la façon de bouger

En observant la façon de marcher, en mesurant la manière de bouger, il est possible de constater une éventuelle altération du mouvement, à cause de l'arthrose. Le but est ensuite d'aider le patient à changer sa manière de se déplacer, expliquent les deux codirecteurs.

"En plus de conseils de marche, les données de mouvement pourraient servir à la planification de chirurgie ou même influencer le design des prothèses", ajoutent-ils. "Comme il est difficilement envisageable de multiplier de telles installations, le laboratoire travaille aussi au développement de méthodes plus simples qui pourraient être déployées un jour dans des cabinets médicaux ou de physiothérapie".

Jusqu'ici, le Swiss BioMotion Lab s'était concentré sur l'arthrose des membres inférieurs. Grâce aux nouvelles installations du laboratoire, les champs d'application pourront être élargis à l'arthrose des membres supérieurs ou encore aux lombalgies.

ats/itg

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