Publié

Le fentanyl active deux zones différentes du cerveau, révèle une étude de l'UNIGE

Une étude de l'UNIGE met en lumière les effets du fentanyl sur le cerveau: interview de Fabrice Chaudun
Une étude de l'UNIGE met en lumière les effets du fentanyl sur le cerveau: interview de Fabrice Chaudun / Forum / 4 min. / le 22 mai 2024
Des scientifiques de l'Université de Genève (UNIGE) ont découvert que le puissant opiacé de synthèse fentanyl active deux populations de cellules distinctes dans le cerveau. L'effet euphorisant ne se déroule pas au même endroit que le malaise intense provoqué par le sevrage.

Jusqu'à présent, les chercheurs pensaient que ces deux réactions avaient lieu dans une même zone cérébrale. Or l'étude genevoise démontre le contraire. Elle ouvrirait la voie au développement d'antidouleurs avec moins d'effets secondaires, indique l'UNIGE dans un communiqué publié mercredi.

20 à 40 fois plus puissante que l'héroïne

Injecté par voie intraveineuse, le fentanyl est une substance qui est de 20 à 40 fois plus puissante que l'héroïne et 100 fois plus puissante que la morphine. Détourné de son usage médical initial qui est d'être un analgésique, il est devenu une drogue mortelle responsable des trois quarts des décès par overdose aux Etats-Unis.

Le produit déclenche une activation des neurones dopaminergiques, qui libèrent la dopamine, à l'origine du sentiment d'euphorie. Habituellement, ces cellules sont sous le contrôle des neurones inhibiteurs GABA. Or, rappelle l'UNIGE dans son communiqué, les opiacés ont la particularité de bloquer ces derniers.

Cet effet euphorisant a lieu dans le système mésolimbique du cerveau. Le malaise causé par le sevrage, en revanche, active une autre région cérébrale. Selon l'étude genevoise, il s'agit d'une population de cellules encore inconnues qui sont situées dans l'amygdale centrale, liée à la peur et à l'anxiété.

Publication dans la revue Nature

Ces résultats modifient "radicalement" le modèle de compréhension de l'addiction aux opiacés. Savoir que les renforcements positifs et négatifs passent par deux réseaux différents expliquerait pourquoi ces substances ont un potentiel d'addiction particulièrement élevé, les deux mécanismes s'additionnant.

La découverte faite par l'équipe de scientifiques de l'UNIGE permettra "d'affiner les traitements de substitution et de faire avancer la recherche vers des antalgiques sans risque d'addiction", relève le communiqué. L'étude genevoise fait l'objet d'une publication dans la revue Nature.

>> Ecouter notre podcast sur le fentanyl : Podcast - Qu’est-ce que le fentanyl, cette drogue ultra-dangereuse?

ats/fgn

Publié