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Le télescope Hubble baisse ses heures d'observation suite à un souci technique

Un membre de l'équipage de la mission STS-125 à bord de la navette spatiale Atlantis a capturé cette image du télescope Hubble alors que les deux engins spatiaux poursuivaient leur séparation relative le 19 mai 2009, après avoir été reliés l'un à l'autre pendant près d'une semaine. Cinq sorties dans l'espace ont été effectuées pour mener à bien la dernière mission d'entretien de l'observatoire orbital. [NASA]
Le télescope Hubble baisse ses heures d'observation suite à un souci technique / Le Journal horaire / 28 sec. / le 5 juin 2024
Le télescope spatial Hubble, qui a révolutionné l'astronomie depuis son lancement en 1990, passe en mode d'exploitation avec seulement un gyroscope en fonction sur trois, ont annoncé des responsables de la NASA mardi. Une solution qui a déjà été utilisée dans le passé.

L'un des trois gyroscopes qui contrôlent la direction vers laquelle est pointé le télescope spatial a connu des problèmes de stabilité ces derniers mois: "Après une série de tests et un examen minutieux de nos options, nous avons pris la décision de faire en sorte que Hubble n'utilise qu'un seul de ses trois gyroscopes restants", déclare Mark Clampin, directeur du département d'astrophysique de la NASA, cité par SpaceNews. Il sera mis en "safe mode", comme le note l'agence américaine dans un communiqué.

L'astronaute Claude Nicollier utilise l'outil Pistol Grip sur une enceinte de stockage, pendant la mission d'entretien 3A de Hubble en décembre 1999. [NASA]
L'astronaute Claude Nicollier utilise l'outil Pistol Grip sur une enceinte de stockage, pendant la mission d'entretien 3A de Hubble en décembre 1999. [NASA]

"Cette solution a déjà été utilisée il y a quelques années", remarque la Dre Antonella Nota, directrice exécutive de l'Institut international des sciences de l'espace (ISSI) de Berne, jointe par RTSinfo: "Hubble peut fonctionner avec un seul gyroscope, cela permettra d'étendre sa vie". Une solution maligne qui garde ainsi un gyroscope de secours, puisque le troisième, après avoir hoqueté, est définitivement hors service depuis le 24 mai.

"Je suis confiante: Hubble est très solide! Ses instruments se portent bien et il produit une très bonne science. Il va encore fonctionner pendant de nombreuses années", affirme celle qui a été la responsable scientifique du projet de l'ESA pour les télescopes spatiaux Hubble et James Webb au Space Telescope Institute (STScI) de Baltimore, jusqu'en mai 2022.

L'astronome explique encore qu'il n'est plus possible d'aller entretenir Hubble comme par le passé: "Depuis 2009, la NASA a arrêté le programme des navettes spatiales qui permettaient d'envoyer des personnes effectuer des réparations sur place". De surcroît, la NASA n'est pour l'instant pas entrée en matière pour l'envoi d'opérateurs privés pour ce genre de mission, notamment par crainte qu'ils puissent endommager le télescope.

Une réduction des observations de 12%

La transition vers ce nouveau mode de fonctionnement, qui devrait s'achever d'ici à la mi-juin, réduira la capacité de Hubble à effectuer des observations scientifiques de 12%, avec 74 orbites hebdomadaires autour de la Terre au lieu de 85 actuellement, précise Patrick Crouse, responsable de la mission Hubble.

Au cours des douze prochains mois, le télescope sera toujours capable d'observer la voûte étoilée dans son entièreté, mais ne pourra plus suivre des objets plus proches que la planète Mars, comme des astéroïdes – même si de tels objets sont de toute façon rares, environ 1% des observations –, dit-il, ajoutant: "Nous n'estimons pas que Hubble vive ses derniers instants". Selon la NASA, un mode comportant un seul gyroscope pourra préserver Hubble jusque vers la moitié ou la fin des années 2030.

>> Une photo pour célébrer le 34e anniversaire du lancement d'Hubble : Pour célébrer le 34e anniversaire du lancement du légendaire télescope spatial Hubble, le 24 avril, des astronomes ont pris un cliché de la petite nébuleuse de l'haltère (également connue sous le nom de Messier 76, M76 ou NGC 650/651), située à 3400 années-lumière dans la constellation circumpolaire septentrionale de Persée. Le rayonnement ultraviolet intense de l'étoile super chaude fait briller les gaz. Le rouge est dû à l'azote et le bleu à l'oxygène. [NASA, ESA, STScI - Hubble]
Pour célébrer le 34e anniversaire du lancement du légendaire télescope spatial Hubble, le 24 avril, des astronomes ont pris un cliché de la petite nébuleuse de l'haltère (également connue sous le nom de Messier 76, M76 ou NGC 650/651), située à 3400 années-lumière dans la constellation circumpolaire septentrionale de Persée. Le rayonnement ultraviolet intense de l'étoile super chaude fait briller les gaz. Le rouge est dû à l'azote et le bleu à l'oxygène. [NASA, ESA, STScI - Hubble]

Hubble et Webb sont complémentaires

Même si Hubble a déjà passé 34 ans dans l'espace, il n'est pas obsolète pour autant, loin de là (lire encadré). Daniel Schaerer, professeur au département d'astronomie de l'Université de Genève, l'utilise régulièrement pour comparer ses données avec celles récoltées par James Webb: "Webb ne voit que dans l'infrarouge alors que Hubble observe dans l'ultraviolet. Les UV permettent de comparer des galaxies plus proches, et de les comparer à celles que l'on peut voir bien plus loin dans le passé avec les fréquences infrarouges du JWST".

Par téléphone, il ajoute: "En plus, Hubble réalise aussi de l'imagerie en lumière visible: c'est parfois plus simple et plus pratique pour nous: ces deux télescopes spatiaux sont vraiment complémentaires!"

Pour l'heure, Hubble est le seul télescope spatial en fonction à avoir la capacité d'observation en infrarouge, lumière visible et ultraviolette. La NASA est en train de travailler sur UVEX, une sonde spatiale spécialisée dans l'ultraviolet: mais elle ne sera pas lancée avant 2030.

Stéphanie Jaquet et l'ats

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Hubble a révolutionné l'astronomie

Hubble, lancé en 1990, a révolutionné l'astronomie et bouleversé notre vision de l'Univers, en accumulant les images du Système solaire, de la Voie lactée et de galaxies très lointaines en opérant à 515 kilomètres au-dessus de la Terre.

>> Le très célèbre "Hubble Ultra Deep Field" : Cette vue de près de 10'000 galaxies est appelée le "Hubble Ultra Deep Field". L'instantané comprend des galaxies d'âges, de tailles, de formes et de couleurs variées. Les galaxies les plus petites et les plus rouges, environ 100, pourraient être parmi les plus lointaines connues, existant lorsque l'Univers n'avait que 800 millions d'années. Les galaxies les plus proches – les spirales et les elliptiques plus grandes, plus brillantes et bien définies – se sont développées il y a environ 1 milliard d'années, lorsque le Cosmos avait 13 milliards d'années.L'image a nécessité 800 expositions prises au cours de 400 orbites de Hubble autour de la Terre. La durée totale d'exposition a été de 11,3 jours, entre le 24 septembre 2003 et le 16 janvier 2004. [NASA/ESA - S. Beckwith (STScI) and the HUDF Team]
Cette vue de près de 10'000 galaxies est appelée le "Hubble Ultra Deep Field". L'instantané comprend des galaxies d'âges, de tailles, de formes et de couleurs variées. Les galaxies les plus petites et les plus rouges, environ 100, pourraient être parmi les plus lointaines connues, existant lorsque l'Univers n'avait que 800 millions d'années. Les galaxies les plus proches – les spirales et les elliptiques plus grandes, plus brillantes et bien définies – se sont développées il y a environ un milliard d'années, lorsque le Cosmos avait 13 milliards d'années. L'image a nécessité 800 expositions prises au cours de 400 orbites de Hubble autour de la Terre. La durée totale d'exposition a été de 11,3 jours, entre le 24 septembre 2003 et le 16 janvier 2004. [NASA/ESA - S. Beckwith (STScI) and the HUDF Team]

C'est grâce à lui que les scientifiques ont découvert l'existence d'un trou noir galactique au centre de toutes les galaxies, ou de vapeur d'eau autour d'exoplanètes.

Peut-être l'un des instruments les plus importants dans l'histoire de l'humanité, Hubble continue d'effectuer d'importantes découvertes comme en 2022, quand le télescope avait détecté Earendel, l'étoile la plus lointaine jamais observée.

>> Lire : L'étoile la plus lointaine jamais découverte a été détectée par Hubble

Selon Mark Clampin, malgré des capacités légèrement réduites, Hubble continuera d'enquêter sur des objets dans notre système solaire, d'étudier certaines galaxies lointaines, ou encore de collaborer avec le télescope spatial James Webb, lancé en 2021, pour scruter les atmosphères d'exoplanètes.