C'est une équipe constituée de chercheuses et chercheurs en médecine de famille, pneumologie, toxicologie, addictologie et en épidémiologie, dans cinq centres d'études en Suisse (Berne, Genève, Lausanne, Zurich, St-Gall) qui a réalisé cette étude, la plus grande au monde sur le sujet, sous la direction de l'Université de Berne et soutenue par le Fonds national suisse.
Elle a évalué l'efficacité, la sécurité et la toxicologie de vapoteuses avec nicotine associées à une aide intensive au sevrage tabagique, comparativement à une aide similaire sans vapoteuses (groupe contrôle). Dans les deux groupes, l'aide au sevrage comprenait des conseils individualisés ainsi que des substituts nicotiniques ou un autre médicament pour le sevrage tabagique.
Sevrage de la cigarette supérieur, sevrage de la nicotine inférieur
L'étude a porté au total sur 1246 personnes fumant au moins cinq cigarettes par jour et prêtes à fixer une date d'arrêt. Durant six mois, elles ont participé à des examens cliniques dans les cinq centres d'études.
Selon ses résultats, l'ajout des vapoteuses au soutien conventionnel de sevrage au tabac a augmenté le nombre absolu de personnes abstinentes au tabac: à six mois, le taux d'abstinence était de 53% dans le groupe avec vapoteuses et de 32% dans le groupe sans vapoteuses.
Cependant, de nombreuses personnes qui ont arrêté de fumer ont continué à vapoter, et donc à consommer de la nicotine. Si bien qu'au final, le taux d'abstinence à la nicotine était inférieur dans le groupe avec vapotage.
"Pas plus d'effets indésirables graves"
En termes d'effets secondaires, "il n'y a pas eu plus d’effets indésirables graves dans le groupe avec vapoteuses", explique un communiqué. "Compte tenu de l'ampleur de l'étude, ces résultats permettent de rassurer sur la sécurité des vapoteuses pour l'aide à l’arrêt du tabac", précise le professeur Reto Auer.
Par ailleurs, les problèmes de santé tels que la toux ou les expectorations (expulsion des sécrétions venues des voies respiratoires) étaient moins importants dans le groupe vapotage que dans le groupe contrôle.
En revanche, il y a eu plus d'événements indésirables légers dans le groupe avec vapoteuses. "Cela s'explique entre autres par le fait que la nicotine des vapoteuses utilisées dans l’étude irrite davantage la gorge que celle des cigarettes de tabac, qui contiennent des additifs pour atténuer précisément ces symptômes", ajoute Reto Auer.
Des évaluations à long terme nécessaires
Selon le groupe de recherche, des évaluations à long terme sont nécessaires pour confirmer les effets sur la santé. Une approche pragmatique consisterait à proposer l'option du vapotage pour les aider à sortir de leur dépendance au tabac.
Mais le vapotage n'est pas sans risque, rappelle-t-il. "Même si les vapoteuses libèrent beaucoup moins de substances toxiques que les cigarettes de tabac, elles libèrent des substances cancérigènes à des taux plus faibles, et la nicotine peut entrainer un comportement addictif, en particulier chez les jeunes."
ats/jop