Matthieu Corthésy: "En Suisse, l'appropriation de l'IA se fait assez rapidement"
Depuis novembre 2022 et la sortie de ChatGPT, de la firme américaine OpenAI, le grand public a pu découvrir le potentiel de l'intelligence artificielle, avec son lot de questions existentielles. Pour les entreprises aussi, l'IA s'est présentée comme une opportunité à saisir, avec ses défis en matière de protection des données.
Auteur du guide "ChatGPT en entreprise", Matthieu Corthésy est déjà intervenu dans une cinquantaine de sociétés en quelques mois pour leur distiller ses bonnes pratiques quant à l'implantation de l'intelligence artificielle dans leurs différents processus. Quelle que soit leur taille - petites, moyennes ou grandes -, les entreprises helvétiques ne veulent pas louper le virage de cette technologie novatrice, remarque-t-il.
"En Suisse, l'appropriation de l'intelligence artificielle se fait assez rapidement. Il y a ce besoin et c'était à l'ordre du jour de toutes les entreprises de Suisse ces derniers mois", note le spécialiste au micro de la RTS.
"Ne pas passer à côté"
Pour les patrons, l'utilisation de l'IA est en quelque sorte un passage obligé, voire une évidence. "Ils se disent qu'il ne faut pas passer à côté de ça, qu'il y a quelque chose qui arrive et qu'il faut l'implémenter maintenant."
Problème, les entreprises ne savent pas toujours comment procéder. "On veut souvent faire un chatbot gigantesque, qui répond à tous les besoins. En réalité, je pense que c'est plutôt utile dans la délégation de tâches très précises", conseille-t-il.
Si vous voulez donner tous vos éléments d'entreprise au stagiaire, alors ça peut bien se passer, mais ça peut aussi très mal se passer
Et de poursuivre: "Dans les entreprises, on est focalisé sur l'aspect produit, avoir une machine qui va me donner une réponse. Mais l'enjeu est de déléguer les bonnes tâches et surtout valider la qualité des réponses de l'IA."
Matthieu Corthésy n'hésite pas à utiliser des métaphores pour bien expliquer l'IA à ses clients. A ce titre, il compare ChatGPT à un stagiaire. "Si vous voulez donner tous vos éléments d'entreprise au stagiaire, alors ça peut bien se passer, mais ça peut aussi très mal se passer (...) Il a envie de nous plaire et il ne va pas hésiter à nous mentir pour cela, car il est limité dans sa mémoire. C'est ce qu'on appelle une hallucination, il va remplir le vide selon des probabilités, et parfois, c'est simplement faux."
Rassurer les employés
Avec l'arrivée de l'intelligence artificielle dans les entreprises, de nombreux employés craignent de ne plus être utiles et de se faire remplacer. Le spécialiste tempère ces angoisses en soulignant que le but est d'optimiser les processus et libérer du temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée.
"Parmi tous les patrons qui m'ont demandé des formations, aucun n'avait le but de remplacer des gens. Il y a plutôt cette logique du gain de productivité qui peut, selon plusieurs études, augmenter de 40% grâce à l'IA."
Le "coach en IA" insiste sur l'importance de rassurer les collaborateurs quant à l'intégration de l'IA. Matthieu Corthésy estime toutefois qu'un employé ne se fera pas remplacer par de l'intelligence artificielle, mais plutôt par quelqu'un qui l'utilise.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: jfe