Lors de la dernière conférence de presse de Google, le PDG Sundar Pichai a déclaré que le moteur de recherche fournirait ses propres réponses générées par intelligence artificielle. Cette fonctionnalité est déjà déployée pour les utilisateurs aux États-Unis et en phase de test au Royaume-Uni. Google détenant plus de 90% du marché mondial de la recherche, cette modification implique un impact global.
Ainsi, lorsqu’on effectue une recherche Google, une réponse générée par une IA ayant aspiré et reformulé les informations disponibles sur le web s’affichera en premier. Avec un risque d’erreurs ou d’inventions. En effet, par essence, les IA ne connaissent pas la vérité et, par conséquent, les réponses pour l’IA de Google se basent sur les sites internet populaires.
Ainsi, à la question "Combien de cailloux faut-il manger par jour?, Google répond que, selon des géologues de l'Université de Berkley, il faut manger au moins un petit caillou par jour, car c’est une source vitale de minéraux et de vitamines... Et d'autres exemples du même type ont été constatés: Batman serait un policier, il faudrait mettre de la colle sur une pizza pour que le fromage ne coule pas ou encore il existe un chien qui a joué en NBA.
Moins de renvois vers des contenus informatifs
En outre, les liens vers les sites produisant des informations sont donc moins visibles. La BBC parle d’un événement d'extinction pour les entreprises produisant du contenu.
Dans son article, le média britannique explique que certains propriétaires de sites ont vu leur trafic chuter de 70 à 95% après l’introduction du nouvel algorithme. De plus, leurs contenus, aspirés par l’IA de Google et recraché sur le moteur de recherche, étaient truffés d’erreurs.
Un modèle sournois
Thomas Jacobsen est porte-parole à Infomaniak, entreprise suisse d’hébergement de sites web. Dans l’émission On en parle, il explique les conséquences potentielles de cette nouvelle IA sur les PME et les internautes. "Ce nouvel algorithme aura un impact en ce qui concerne les questions techniques pouvant être facilement résolues ou synthétisées par les IA. Mais posséder un site internet restera important, car lorsqu’on recherche un prestataire sur internet, on a envie de savoir à qui l’on a affaire. C’est là qu’une communication humaine et authentique fait toute la différence."
Malgré tout, ce nouveau système risque de nuire aux créateurs et créatrices de contenus ainsi qu’aux entreprises. "C’est assez sournois, car les IA se servent des données produites par nos PME pour garder les internautes dans leurs écosystèmes. Par conséquent, pour être visibles, les entreprises doivent payer Google et Meta, qui utilisent pourtant gratuitement leurs données", poursuit Thomas Jacobsen.
Les résultats générés par cette IA mettront-ils aussi en avant les liens sponsorisés? Oui, selon le spécialiste. "Le modèle d’affaires de Google repose fortement sur la publicité, répond Thomas Jacobsen. La stratégie est claire: garder l’utilisateur dans son écosystème pour vendre des publicités extrêmement bien ciblées."
Sujet radio: Didier Bonvin
Adaptation web: Myriam Semaani