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Nouveau record de production dans un réacteur de fusion nucléaire

Une vue du Joint European Torus (JET), un des plus grands réacteurs à fusion du monde, situé près d'Oxford, au Royaume-Uni. [United Kingdom Atomic Energy Authority]
Nouveau record de production dans un réacteur expérimental de fusion nucléaire / Le Journal horaire / 29 sec. / le 9 février 2024
Des scientifiques ont annoncé jeudi au Royaume-Uni avoir réussi à produire par fusion nucléaire la plus grande quantité d'énergie jamais obtenue par ce biais, une "étape significative" dans le développement de cette technologie encore à un stade expérimental.

Potentielle source d'énergie alternative à la fission nucléaire utilisée dans les centrales actuelles, la fusion nucléaire a l'ambition de reproduire ce qui se passe au cœur du Soleil.

Elle est considérée par ses partisanes et partisans comme l'énergie de demain, notamment parce qu'elle produit peu de déchets et qu'ils sont nettement moins radioactifs que dans une centrale classique. Cette énergie ne produit pas non plus de gaz à effet de serre. Mais la fusion nucléaire est aussi critiquée comme un "mirage scientifique" ainsi que pour son coût par des mouvements écologistes comme Greenpeace.

Au Royaume-Uni, des scientifiques du Joint European Torus (JET), un des plus grands réacteurs à fusion du monde, situé au sud d'Oxford, a réussi à générer 69 mégajoules d'énergie en six secondes, dépassant le précédent record de 59 mégajoules qu'il avait établi en 2021.

En fusionnant seulement 0,2 milligramme de combustible de fusion, il a ainsi été libéré à peu près la même énergie qu'en brûlant dix millions de fois plus de combustible fossile – deux kilos de charbon – mais sans aucune émission de gaz à effet de serre, selon EUROfusion. 

Il s'agissait de la dernière tranche d'expérimentation du JET, qui a achevé son programme fin 2023, auquel ont participé 350 scientifiques de l'Union européenne, de Suisse, du Royaume-Uni et d'Ukraine.

Au cœur du réacteur – une immense chambre magnétique en forme de donut – des aimants maintiennent une infime quantité de deutérium et de tritium (des isotopes lourds de l'hydrogène) chauffés à des températures dix fois plus élevées qu'au centre du Soleil pour créer du plasma, permettant aux noyaux d'hydrogène d'entrer en collision et de fusionner en atomes d'hélium plus lourds, dégageant une énergie colossale.

A quantité égale, la fusion nucléaire permet de produire quatre millions de fois plus d'énergie que le charbon, le pétrole ou le gaz.

>> Un schéma explicatif du Commissariat à l'énergie atomique (CEA): le tokamak de fusion nucléaire

"Approfondir la compréhension de la physique de la fusion"

Ce nouveau record est "une étape significative" pour la fusion nucléaire, s'est réjoui dans un communiqué Eurofusion, consortium qui soutient et finance la recherche sur la fusion au niveau européen. "Au-delà d'établir un nouveau record, nous avons réalisé des choses que nous n'avions jamais faites auparavant et approfondi notre compréhension de la physique de la fusion", s'est félicité Ambrogio Fasoli, président d'Eurofusion.

Les expérimentations du JET doivent notamment servir au développement du réacteur à fusion ITER – encore plus avancé que le JET et en construction dans le sud de la France.

>> Ecouter Ambrogio Fasoli, directeur du Swiss Plasma Center de l'EPFL, président dʹEurofusion et conseiller scientifique du projet ITER, dans CQFD, le 26 octobre 2020 :

La machine ITER et ses principaux systèmes dans leur écran de béton.
ITER [ITER]ITER
Le point sur la lente avancée de la fusion nucléaire / CQFD / 20 min. / le 26 octobre 2020

Les résultats obtenus au JET "vont avoir un impact direct et positif sur ITER, en validant la voie à suivre et en nous permettant de progresser plus rapidement vers nos objectifs de performance", a ainsi réagi Pietro Barabaschi, directeur général d'ITER, cité dans le communiqué.

sjaq et l'afp

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